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« There is no alternative »

En dehors de la ligne que je représente, il n’y a pas d’alternative à gauche», a déclaré, hier, le président français, François Hollande. «Pas d’alternative au pouvoir», a précisé ensuite le chef de l’État.

D’un côté, il n’a pas tort. Si des élections se déroulaient aujourd’hui en France, aucune force de gauche ne serait en mesure de l’emporter mis à part le Parti socialiste, et avec toutes les peines du monde. Mais au-delà des questions purement pratiques de gymnastique électorale, impossible de ne pas percevoir dans ce «il n’y a pas d’alternative» comme un écho au fameux «there is no alternative» prononcé le 25 juin 1980 par la Première ministre britannique de l’époque, Margaret Thatcher.

Dans la bouche de la Dame de fer, son «il n’y a pas d’alternative» entré dans l’histoire signifiait que seuls le libre-échange sans limite, la libéralisation de la finance, le démantèlement de l’État-providence, la mise en concurrence de tous contre tous représentaient une politique crédible et réalisable. Alors que le candidat Hollande avait promis de renégocier les traités européens afin de proposer justement une politique alternative au néolibéralisme de Bruxelles, le président Hollande n’a en rien agi en ce sens.

Son «il n’y a pas d’alternative» sonne comme un aveu d’échec et présente tous les contours de la résignation. D’autant plus surprenant que le libéralisme sans entraves des 30 dernières années est de plus en plus remis en cause. Pas seulement par une poignée d’hurluberlus adeptes du «power flower», mais bien par des dirigeants politiques, des économistes et bien sûr les peuples. Si le néolibéralisme a permis à de nombreux Asiatiques pauvres d’améliorer leur sort, force est de constater que dans les pays riches, il a surtout été à l’avantage d’une petite élite et que les classes moyennes n’en ont pas vraiment tiré profit.

Mais le plus grave dans ce genre de discours est surtout qu’il favorise la montée de l’extrême droite, qui peut aisément se targuer d’être la seule alternative quand la gauche et la droite de gouvernement mènent peu ou prou la même politique.

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)