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Manif sous haute surveillance à Rennes contre « les violences policières »


Vendredi soir, un groupe de casseurs avait évolué dans le centre historique de Rennes jusqu'à 23 heures, cassant méthodiquement les vitrines de plusieurs agences bancaires, de commerces et de bâtiments publics. (photo AFP)

Les forces de l’ordre, venues en nombre, ont empêché samedi quelque 700 manifestants de défiler dans le centre de Rennes pour protester contre « les violences policières », au lendemain d’une soirée de dégradations commises par quelque 300 casseurs.

Un dispositif très lourd de quelque 500 hommes, selon la police, a encerclé la vaste esplanade Charles-de-Gaulle, tout près de la gare, faisant usage de gaz lacrymogènes et de lanceurs de balles de défense pour empêcher les manifestants qui s’étaient rassemblés vers 13h de partir en cortège dans la ville.

« Les choses étaient très claires: pas question de défiler », a expliqué Patrick Dallennes, préfet par intérim d’Ille-et-Vilaine et préfet délégué pour la zone de défense et de sécurité ouest.

Les manifestants ont lancé des projectiles en direction des forces de l’ordre, selon la préfecture, qui a précisé que personne n’avait été blessé.

« La police mutile, la police assassine », criaient les manifestants. L’un d’entre eux a montré une marque à la cuisse causée selon lui par une balle de défense. « Ils ne cherchent pas à nous faire peur mais à nous faire mal », a-t-il déclaré.

Les manifestants étaient autorisés à quitter la place après avoir montré le contenu de leur sac-à-dos aux policiers. Les forces de l’ordre veillent à empêcher que des petits groupes se reconstituent dans le centre-ville, a assuré M. Dallennes.

Les forces de l’ordre, appuyées par deux hélicoptères, n’ont pas eu à faire usage des quatre canons à eau qui avaient été prépositionnés.

Avant la manifestation, les forces de l’ordre avaient effectué 22 contrôles d’identité auprès de personnes qui se rendaient sur l’esplanade. Quatre ont été placées en garde à vue, dont une qui était en possession d’un marteau et trois autres qui ont refusé de se soumettre à des prises d’empreintes, selon M. Dallennes.

Depuis le Nigeria où il se trouve en visite, le président François Hollande a dénoncé les dégradations commises vendredi soir à Rennes, estimant qu' »aucune violence ne doit être acceptée ».

« Guerilla urbaine »

Un groupe de casseurs avait évolué dans le centre historique jusqu’à 23 heures, cassant méthodiquement les vitrines de plusieurs agences bancaires, de commerces et de bâtiments publics: la mairie, un bureau de poste, un poste de police. Le siège du Parti socialiste a également été pris pour cible ainsi que des abribus et une automobile qui a fait l’objet d’une tentative d’incendie.

Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes devant la mairie et place Sainte-Anne, au cœur de la vieille ville, pour empêcher les manifestants d’approcher d’une salle municipale d’où ils avaient été délogés le matin même par les gendarmes mobiles. Mais les forces de l’ordre n’ont pu empêcher la dégradation de nombreux commerces, malgré cinq interpellations.

« Ils se sont servis, ils ont tendu le bras pour attraper les vêtements qui étaient juste derrière », a déploré samedi matin Frédéric Bonnechère, propriétaire d’un magasin de vêtements, en découvrant son établissement vandalisé.

« On essaie de créer une clientèle et, là, ça fait un mois et demi qu’il n’y a plus de clients dans Rennes », s’est désolé le commerçant.

Pour le préfet par intérim, les manifestants avaient mis au point « une tactique de guerilla urbaine », avec des petits groupes très mobiles s’en prenant en peu de temps à différentes cibles avant de disparaître dans la nature après s’être changés.

Depuis deux mois, Rennes a été le théâtre de manifestations parfois violentes contre la loi travail, un jeune manifestant ayant perdu l’usage d’un œil le 28 avril suite à un jet de projectile. Certains manifestants ont imputé cette blessure à un tir de Lanceur de balles de défense (LBD40) de la police. Une enquête, ouverte par le parquet et confiée à l’IGPN (inspection générale de la police nationale) est en cours pour déterminer l’origine exacte du projectile.

Le Quotidien / AFP