Décisif dans les cages de Käerjeng, l’international luxembourgeois se fait remarquer depuis plusieurs semaines en allant faire trembler les filets adverses.
Chris Auger a inscrit, samedi à Esch, son troisième but de la saison. Et ce sur attaque placée…
Dimanche, sa jambe gauche commençait à virer au bleu. Normal pour un hématome qui, selon les examens passés hier, ne devrait rien cacher de bien méchant puisque les ligaments de sa cheville ne seraient pas touchés. Tout juste doit-il respecter trois jours de repos et attendre que celui-ci se résorbe de lui-même. Samedi soir, malgré cette «patte folle», Chris Auger a été une nouvelle fois décisif en réalisant pas moins de 23 arrêts lors du succès de Käerjeng à Esch (25-28). Mais s’il est fort sur sa ligne, il n’est pas maladroit non plus lorsqu’il monte au jeu. C’est-à-dire dans le champ. Pour preuve, l’international luxembourgeois a planté un but à Milosevic. Comment ? Le buteur relate lui-même l’action : «Notre ailier part, je joue un deux contre deux avec le pivot, je m’engage vers l’intérieur et le défenseur secteur central anticipe ma passe au demi-centre et ouvre l’espace central. L’autre défenseur reste sur le pivot et revient en catastrophe ce qui me permet de tirer a la hanche.» Le tout, évidemment, en infériorité numérique (5 contre 6)…
Une évidence qui ne l’était pas tant que ça au début mais l’est devenue au fil du temps. La première fois, c’était le 12 décembre dernier contre Esch (32-28) lors de la 11e journée de la saison régulière. «J’avais déjà dit à l’entraîneur que plutôt que de faire un entrer une « chasuble », je pouvais jouer en attaque. C’est vrai quoi, c’est pas parce que tu es gardien que tu ne sais rien faire balle en main. Bref, je suis monté et j’ai marqué…»
«Ce but, je l’ai un peu trop fêté»
Sur son nuage, il resta trop longtemps au point d’en oublier de retrouver sa cage. «Ce but, je l’ai un peu trop fêté», confie celui qui, samedi, n’a même pas attendu de voir le ballon faire virevolter les filets pour prendre le chemin inverse.
Avec Chris Auger, Riccardo Trillini possède non seulement un solide rempart mais aussi un buteur occasionnel qui force le respect et attire l’attention. «Au début, les adversaires ne faisaient pas attention à lui. Aujourd’hui, ils sont plus vigilants», s’amuse le technicien italien qui s’attend à essuyer quelques critiques lorsque le «buteur» sera moins en réussite. «J’entends déjà les gens : « Mais qu’est-ce que c’est que ça? » Mais il faudra aussi se souvenir des buts marqués par et grâce à Chris…» Le principal intéressé, qui en est à 3 réalisations (2 en championnat et une en finale de la Coupe de Luxembourg), compte également «3 passes décisives».
Cette facilité à évoluer par intermittence au poste d’arrière gauche s’explique par un passé de joueur de champ. «Tout jeune, je jouais dans le champ, tout comme en équipe universitaire. J’aime bien prendre part au jeu. En plus, à l’époque, je pouvais tirer des deux mains.» Un peu moins depuis l’été 2014 et une épaule gauche meurtrie. «On va dire que je peux toujours tirer, mais je n’ai qu’une cartouche…»
En configuration joueur de champ, Auger bénéficie d’une liberté totale de la part de Trillini. Ce qui lui évite de gamberger. «Si la situation se présente je tenterai encore, assure le gardien. Même si c’est face aux Red Boys. Même si c’est le match le plus important de la saison. Je sais que j’ai la confiance de mon entraîneur et de mes équipiers. À moi par contre de bien évaluer la situation.»
Au fait, Chris Auger a-t-il des émules à l’étranger? «Je ne crois pas, dit Trillini. D’habitude, quand le gardien monte, il sert juste de relais. Chris, lui, est décisif.» Comme bien souvent.
Charles Michel