Ce lundi 9 mai était célébrée la journée de l’Europe, qui marque l’anniversaire de la déclaration Schuman en 1950, considérée comme un des actes fondateurs de l’Union européenne (UE, ex-CEE). En pleine campagne pour le référendum du 23 juin portant sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’UE, le Premier ministre britannique, David Cameron, a déclaré, hier, que l’Europe «a contribué à réconcilier des pays qui se sont déchirés pendant des décennies».
En sous-entendant la menace d’une guerre en cas de Brexit, les tenants d’une sortie de l’UE ont eu beau jeu de crier à la grosse ficelle de la part du locataire du 10 Downing Street. Ils n’ont sans doute pas tort. Qui oserait prétendre qu’un Brexit aboutirait à une guerre entre le Royaume-Uni et un pays européen? Il faut savoir évoquer l’histoire avec raison, d’autant plus que la dimension pacifique de l’Europe avait particulièrement du sens dans l’optique franco-allemande, après trois guerres en 70 ans.
Et s’il faut mêler l’histoire à ce dossier, il serait également possible de mentionner deux des plus célèbres personnages de la Seconde Guerre mondiale : Winston Churchill et Charles de Gaulle. Le premier, icône de l’héroïque résistance anglaise face à l’Allemagne hitlérienne, appelait dès 1946 de ses vœux des «États-Unis d’Europe»… mais dont se tiendrait à l’écart la Grande-Bretagne. Quant au second, qui a réussi la prouesse de faire accéder au statut de vainqueur un pays totalement vaincu et humilié, il s’est opposé par deux fois à l’adhésion du Royaume-Uni à la CEE.
La relation entre l’UE et Londres semble de fait mélanger la raison et les sentiments des deux côtés de la Manche : un accès facilité au marché européen pour les uns, l’attrait de la puissance militaire, diplomatique, financière et économique de Londres pour les autres. Mais la mentalité insulaire des Britanniques peut les pousser à voir dans l’UE une entrave à leur indépendance et à leur liberté. Pour les continentaux, les Britanniques veulent, comme dit le proverbe, «le beurre et l’argent du beurre», tous les avantages d’une adhésion sans aucun de ses inconvénients. Qui du cœur ou de la raison remportera le scrutin du 23 juin ?
Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)