Depuis avril, le nouveau Millennium Iconoclast Museum of Art (MIMA) de Bruxelles explore les multiples facettes des arts urbains.
Entre les murs d’une ancienne brasserie bruxelloise, la bière a fait place à une nouvelle spécialité belge : l’art contemporain.
Depuis quelques années déjà, Bruxelles monte les échelons et pointe son nez à l’avant-plan de la création contemporaine mondiale. Avec un projet hors norme, Raphaël Cruyt et Alice van den Abeele, galeristes bruxellois, avec le couple d’entrepreneurs Florence et Michel de Launoit ajoutent à cette scène en pleine effervescence un nouveau fleuron, le MIMA.
Le Millennium Iconoclast Museum of Art a ouvert ses portes le 15 avril dernier. Une ouverture retardée à cause des attaques tragiques du 22 mars et d’une presse internationale qui, aveuglée par l’actualité, a plus souvent communiqué sur le fait que le musée se trouvait dans le quartier aujourd’hui tristement célèbre de Molenbeek, que sur le contenu artistique lui-même. Un écueil malheureux.
Dans un bâtiment en briques rouges, un style emblématique pour la Belgique, le MIMA est le premier musée de son genre en Europe. Il se consacre entièrement au street art, une forme d’art contemporain que l’on ne voit que très rarement à l’intérieur d’institutions muséales. De manière générale, il s’agit d’expressions culturelles qui se sont, durant les 20 dernières années, développées loin des marchés classiques de l’art contemporain.
Du hip-hop au punk, du graffiti au skateboard, les influences urbaines se ressentent dans chaque œuvre du musée. À l’image du monde en ligne, où chacun peut s’exprimer tel qu’il l’entend, le musée se veut décloisonné et loin de toute hiérarchisation de genres.
Éclats de couleurs parsemés
La collection permanente, par exemple, aligne de la BD à côté d’installations constituées de planche de surf, de la peinture à l’huile en face d’assemblages faits de matériaux issus de la récupération. Les artistes repris dans la collection nourrissent également une certaine ambivalence artistique. La plupart d’entre eux fluctuent naturellement entre la rue et la galerie, l’underground et l’establishment.
La partie la plus impressionnante du parcours de ce nouveau musée est «City Lights», la première exposition temporaire du MIMA. Cinq artistes new-yorkais ont été invités pour investir les espaces de l’ancienne brasserie. Le duo Faile pose une énorme roue de prière au centre de l’espace. Les inscriptions et images de publicité qui couvrent l’installation font clairement référence à la culture de consommation. À côté de l’anticapitalisme affiché de l’œuvre, c’est aussi de désir et de spiritualité que Faile parle.
Momo, qui entre pour la première fois dans une institution muséale, crée une peinture murale qui surprend par son jeu de couleurs et de formes géométriques. Avec des techniques maçonniques artisanales, l’Américaine entretient un geste méticuleusement assidu.
Dans un registre complètement différent, on retrouve la liberté de geste de l’artiste Maya Hayuk. Les éclats de couleurs néons revêtent l’entièreté d’une salle. L’effet donné aux murs est celui d’une festivité soudaine. Finalement, le visiteur doit descendre dans les caves du musée, où il découvre les travaux de Swoon. Réalisés grâce à de grands découpages de papier filigranes, qui contrastent merveilleusement avec les murs rustiques.
Avec un discours très cohérent sur le rôle d’un musée contemporain comme lieu de dialogue et de questionnement, le MIMA se veut donc ouvert à tout le monde. Son approche décontractée camoufle un questionnement décomplexé sur ce que l’art de notre époque peut être. Encore à ses débuts, il sera intéressant de suivre le développement de cette initiative originale.
De notre collaboratrice Laura Kollwelter