Kevin Nakache, qui rayonne dans l’entrejeu du F91, est à la hauteur de ce que le club attendait de lui, lorsqu’il l’a recruté il y a un an et demi.
Très franchement, si l’aventure entre le Luxembourg et Kevin Nakache s’était arrêtée cet été, on n’aurait jamais trop su quoi penser de cette grande tige (1,91 m, 76 kg). Le joueur formé à l’AS Cannes n’en avait pas assez montré. Cela valait le coup d’attendre. Aujourd’hui, si le F91 écrase la DN, il le doit en grande partie à l’efficacité de son trio du milieu composé de l’aboyeur Dikaba, de l’artiste Joël Pedro et de Nakache, à qui Michel Leflochmoan laisse la liberté de savoir quand il faut sortir les crocs ou le pinceau.
«Il joue beaucoup plus bas que l’année dernière, rappelle Pedro. Techniquement, il est très à l’aise et comme il est grand, dans les duels défensifs, il est très utile.»
Nakache est descendu d’un cran cette saison. Cela le ravit, mais il n’explique pas ses six premiers mois un peu ternes par ce réajustement tactique. «Grandjean me faisait jouer en 10 car quand il m’entraînait à La Louvière, j’avais marqué beaucoup de buts à ce poste», explique celui qui a signé il y a un an et demi en provenance du White Star Bruxelles, l’actuel club d’Aurélien Joachim. Nakache ne s’est jamais rallié à la mode de fin de saison dudelangeoise qui consistait à cracher sur Sébastien Grandjean.
Pour autant, même s’il avait été transféré à la demande du tacticien belge, il s’est vite affranchi de cette étiquette de «fils de Grandjean». «Moi, je ne l’ai jamais considéré comme ça. Quand un joueur arrive, c’est sur le terrain qu’il se fait sa place. Et lui, il a réussi à le faire. Parce qu’il est bon et parce qu’il a du caractère. Il n’a jamais volé sa place de titulaire», pousse Pedro.
Il ronchonne à l’entraînement
Une fois que Grandjean a été invité à rendre les clés de la boutique, on aurait pu penser que Nakache allait doucement disparaître de la circulation. «Mais Guy Hellers, qui avait pris l’intérim, m’a fait jouer la finale de la Coupe contre Differdange. C’est la preuve que je n’étais pas uniquement le joueur de Grandjean», enterre Nakache.
L’arrivée de Michel Leflochmoan cet été a un peu plus permis à Nakache de devenir un taulier de l’équipe. Positionné plus bas, il joue le caméléon et met autant les mains dans le cambouis avec Dikaba, qu’il ne régale par ses passes «laser».
Fin 2015, une blessure aux adducteurs l’a toutefois poussé à rater les derniers matches de la première partie de saison et voir partir le train sans lui durant l’hiver. «Je n’étais pas dans le groupe les quatre premiers matches de l’année. Ça m’énervait parce que je me sentais prêt. Mais bon, c’est Stelvio qui était à ma place, c’est un super joueur et l’équipe gagnait, je ne pouvais rien dire», se souvient le joueur, qui ronchonne un peu aux entraînements et le fait volontairement voir à son coach. Une manière de lui rappeler sa présence.
À la première occasion venue, MLF relance l’homme au catogan. «Je ne suis pas un monstre de récupération, mais je suis capable de faire quelques trucs au milieu», se contente de glisser Nakache. Il n’a pas besoin d’en dire plus. Car cette saison, on ne fait pas que parler de lui. On le regarde aussi. Et souvent, c’est beau.
Matthieu Pécot