Les députés brésiliens ont montré la porte à leur présidente, Dilma Rousseff, dimanche. Dans un triste spectacle de la démocratie en marche, ils ont, tour à tour, pris la parole, salué Dieu, leur famille et parfois leurs amis, avant de s’en prendre à la présidente pour avoir maquillé les comptes de son pays. Si les sénateurs suivent le vote des députés, Dilma Rousseff quittera son poste. La première femme présidente du géant sud-américain ne serait alors plus en poste à l’occasion des Jeux olympiques, le rendez-vous du siècle pour les Brésiliens.
Tous les prétextes sont bons, en politique, pour faire… de la politique. Pas dans le sens étymologique, c’est-à-dire des affaires publiques, mais plutôt de façon machiavélique, c’est-à-dire la conquête du pouvoir.
Au Brésil, le vice-président de Dilma Rousseff a déjà enregistré son discours d’investiture, malencontreusement diffusé sur le net. Le centriste Michel Temer est prêt et ne va pas trop soutenir celle qui l’a choisi. Il sent le vent tourner et n’a pas l’intention d’être entraîné dans la chute. Tout est déjà joué ou presque, pour le plus grand plaisir d’une rue avide de ces coups de poignard politiques qui cachent la pauvreté des idées, l’absence de projets de bien des élus du peuple.
Le Brésil, miracle économique aujourd’hui en crise, vit donc au rythme d’un scandale politique qui ne sert que quelques-uns. Ainsi va la chose publique, à Brasilia comme à Washington, à Paris comme à Rome. Obnubilés par le pouvoir, les élus dans l’opposition ne cherchent que rarement à faire avancer le débat. Car dans la démocratie, ils aiment à bloquer leurs adversaires, à ralentir le rythme des réformes, avec pour seul dessein de se mettre à leur place. Sans plus d’idées, mais peu importe, la gloire est à ce prix.
Viendra alors le temps pour les ennemis d’hier d’utiliser les mêmes méthodes pendant les années de disette. Ils retrouveront alors la lumière et les sièges qui comptent. Au Brésil comme ailleurs.
Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)