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La peur du gendarme

Cela fait maintenant deux semaines que l’affaire des Panama Papers a été dévoilée au grand jour. Une affaire qui a ébranlé le monde et a même coûté leur tête à plusieurs hommes politiques, comme c’est le cas du Premier ministre islandais, par exemple. Dans certains pays comme la France, l’Espagne, l’Italie, des procédures judiciaires ont été lancées afin de connaître la vérité, mais également pour demander des comptes à des politiques impliqués dans l’affaire, à des dirigeants de banque qui avaient juré après la crise financière que les petites magouilles et compagnie, c’était du passé.

Force est de constater qu’ils avaient raison, les puissants ont arrêté de faire dans le petit détournement. Pourquoi faire petit quand il est si simple de faire dans la grande blanchisseuse centraméricaine? Mais n’endossons pas le costume du naïf tombant des nues à la découverte du scandale des Panama Papers. Et puis au final, c’est un problème de riches qui ne changera rien à notre quotidien, enfin pas dans l’immédiat en tout cas. Au moins, cette affaire aura fait réagir la Commission européenne, le FMI et les grands dirigeants de ce monde, qui encore une fois ont tous promis de lutter activement contre l’évasion fiscale.

Tous? Non! Un certain nombre d’irréductibles financiers semblent résister encore et toujours au Luxembourg. Et visiblement, ces quelques financiers n’ont pas eux les genoux tremblants ou bien des sueurs froides tant les réactions au Grand-Duché ont été faibles. Il faut dire qu’au Luxembourg, on est loin d’avoir des tempéraments sanguins et latins. On ne fait pas dans le grand déballage et on préfère être discret. Et ce, même si la banque ayant fait le plus de structures offshore est une filiale de la Banque internationale de Luxembourg, banque dont l’État est actionnaire, pour rappel. Et puis le pays est doté d’outils et de mécanismes luttant contre le blanchiment comme la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), souvent surnommé le «gendarme» de la place financière. Mais visiblement, il n’y a pas que les jeunes qui ne connaissent plus la peur du gendarme.

Jeremy Zabatta (jzabatta@lequotidien.lu)