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Ouvrier décédé à Leudelange : « J’ai essayé de le maintenir éveillé »


L'ouvrier de 38 ans est mort dans la cheminée du Sidor. (photo archives LQ)

Le collègue de travail de la victime décédée dans la cheminée du Sidor à Leudelange lors de travaux de maintenance en 2009 était appelé, jeudi, à témoigner.

Ce 27 juillet 2009, le témoin était resté en bas de la cheminée de l’usine d’incinération des déchets du Sidor à Leudelange. Il était en contact régulier avec son collègue de travail (38 ans) qui effectuait les opérations d’entretien dans cet équipement de près de 80 mètres.

Jeudi, lors de la troisième journée du procès de l’accident du travail mortel, le témoin a expliqué que son collègue lui avait dans un premier temps évoqué la chaleur – l’enquête avait en effet révélé par la suite qu’il faisait autour de 60 °C dans la cheminée. Sur quoi, il lui aurait conseillé de redescendre. Sa réponse : « Non, j’essaie encore une fois. Cela va aller. »

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D’après le témoin, c’est la première fois que le trentenaire montait dans cette cheminée à Leudelange. À un certain moment, il avait fini par ne plus donner de nouvelles. « Je l’ai encore appelé par la cheminée» , précise le témoin. Dès que le contact avait été perdu, ce dernier avait appelé les secours et était lui-même monté à l’échelle verticale de 160 marches.

Aujourd’hui, il ne se souvient plus combien de temps il a mis. Une chose est néanmoins sûre : « Il faisait très chaud. La chaleur était plus forte que d’habitude. »

Il indique être resté au moins trois quarts d’heure avec son collègue sur la plateforme jusqu’à l’arrivée des secours : « Il était encore conscient. Il transpirait. Il ne pouvait plus saisir quoi que ce soit avec ses mains. J’ai essayé de le maintenir éveillé .» L’employé était finalement décédé sur la plateforme après l’arrivée des secours.

Lors de l’enquête, aucune analyse de risques n’avait été retrouvée pour les travaux effectués dans la cheminée à Leudelange. Un fait que le témoin est venu appuyer avec sa déclaration. Il indique avoir « juste reçu la mission » comme pour tous les autres chantiers. Il affirme ne jamais avoir vu d’analyse de risques entre 1977 et 2009 alors qu’il travaillait pour le même employeur.

«D’où provient la copie, d’un seul coup?»

Dans ses dépositions à la police, le patron de l’entreprise allemande en charge des travaux de maintenance avait déclaré avoir délégué une partie de ses responsabilités à deux employés de sa firme. Ces derniers se trouvent également aujourd’hui sur le banc des prévenus. Jusqu’à présent, le document original signé prouvant cette délégation des pouvoirs ne figurait pas dans le dossier.

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Jeudi, la défense a, d’un seul coup, sorti une copie signée. « En 2009 et en 2010, on a recherché le document (perquisition/commission rogatoire internationale). D’où provient cette copie, d’un seul coup? », voulait savoir la présidente de la chambre correctionnelle. Le mystère reste entier.

Deux témoins appelés par les avocats du patron de l’entreprise ont toutefois certifié avoir vu d’une manière ou d’une autre ce document signé. Autrement ils n’auraient pas pu délivrer à l’entreprise la certification pour le système de management de la protection du travail (AMS).

Le procès se poursuit ce vendredi matin. Ce sera le début de l’audition des huit prévenus.

Fabienne Armborst