Le marché de Dudelange a «ouvert» jeudi. Une date symbolique, car les stands sont désormais là toute l’année. Et parmi les 55 stands, voici deux nouveaux visages: un artisan affûteur et une spécialiste de la viande d’autruche luxembourgeoise!
Malgré le développement des zones commerciales, Christian Flammang, le placeur du marché de Dudelange, estime qu’il n’y a pas photo : « Le marché communal reste une institution. La fréquentation est stable depuis des années, les habitués se déplacent de toutes les villes aux alentours. » Jeudi, pour l’ouverture de la nouvelle saison, on a même vu des nouveaux visages. Des commerçants « patrons d’eux-mêmes », qui misent sur la relation directe avec le client et la fidélité : c’est ça, la mentalité du marché!
Deuxième vie pour les outils
Sans aucun doute, la nouveauté la plus originale est le camion de Jean-Luc Castellani. Pourtant, son métier est vieux comme l’âge du fer : aiguiseur de couteaux. « Affûteur professionnel », corrige-t-il. Le personnage n’a rien à voir avec les quincailliers bruyants des foires. Jean-Luc a remis l’ouvrage cent fois sur le métier, signe distinctif des vrais artisans, avec deux diplômes à la clef : affûteur industriel et affûteur de scierie. En clair, il affûte aussi bien les outils du bois que les outils de l’industrie. « Scie, couteaux traditionnels, ciseaux, cisaille électrique… je répare tout ce qui existe! »
Après trente ans de métier dans un atelier de Nancy, autant dire que le résultat est impeccable. En témoigne ce vieil Opinel qu’il sort de sa poche : si la lame n’était pas affinée par le temps, on jurerait qu’il l’a acheté hier! Avec le printemps, Jean-Luc reçoit aussi des commandes de jardinage. « Lame de tondeuse, taille haie, chaîne de tronçonneuse : pourquoi racheter du matériel alors qu’un affûtage redonne toute l’efficacité? »
Jean-Luc s’est aménagé un camion spécial pour le marché, avec toutes ses meules et l’électricité. « Il fallait que je réinvente mon activité , glisse-t-il. L’affûtage itinérant m’a semblait être un concept inédit .» Il suffit de lui confier le matériel et de revenir vingt minutes après. Il sera à Dudelange tous les premiers jeudis du mois. Souhaitons-lui bonne chance : des artisans qui investissent le salaire d’une vie pour relancer leur activité, on ne peut qu’admirer.
De l’autruche «made in Luxembourg»
« Se relancer », c’est aussi le leitmotiv de Sylvie. La spécialiste de la volaille n’est pas un nouveau visage sur le marché. Ce qui est nouveau en revanche, c’est que derrière le comptoir, c’est elle la patronne! « L’ancienne ferme pour qui je travaillais a cessé son activité. Il était hors de question que je sois au chômage. Je me suis mis en relation avec une ferme de Contern spécialiste de l’élevage d’autruches, et j’ai obtenu l’exclusivité de la diffusion de leur production sur les marchés du Grand-Duché .»
Ne reste qu’à séduire le client. À vrai dire, pour le moment, Sylvie n’a pas de viande d’autruche en vitrine. « Les bêtes ne sont pas à maturité. » Le client peut se rabattre sur la volaille de top qualité, « que du poulet français élevé en plein air, souligne Sylvie. Je fais aussi du cochon d’Espagne et je ne propose que les produits transformés dont je connais la traçabilité .» Bref, une vraie patronne de marché.
Mais revenons à cette viande d’autruche, qu’a-t-elle de spécial? « Pas de graisse, « zéro calorie »! , exulte Sylvie. Ce sont de beaux morceaux de viande rouge, qui se cuisinent facilement, à la poêle comme au barbecue. » L’été arrive, pensez à réserver les premières pièces en mai. Sylvie sera sur le marché de Dudelange tous les jeudis matins, dans son camion La Basse Cour.
Hubert Gamelon