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Le spectre du nazisme omniprésent dans le discours du nouveau gouvernement grec


Evoqué jeudi à Berlin par le ministre des Finances Yanis Varoufakis, le spectre du nazisme est omniprésent dans le discours du nouveau gouvernement grec, confronté sur ses terres au parti d’inspiration xénophobe et antisémite Aube Dorée.

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Yanis Varoufakis le ministre des Finances. (Photo : AFP)

Devant son homologue Wolfgang Schäuble, le médiatique ministre des Finances grec a pris un accent solennel : « L’Allemagne doit être fière du fait qu’ici le nazisme a été éradiqué », a-t-il déclaré. « Mais quand je rentrerai à la maison ce soir, je trouverai un parlement dont la troisième force politique n’est pas un parti néonazi, mais un parti nazi », a poursuivi le ministre, dans une tentative de trouver un terrain d’entente lors d’une conférence de presse glaciale. Il avait utilisé les mêmes termes lors d’une conférence de presse à Paris dimanche.

Aube dorée, qui était entrée pour la première fois au parlement lors des législatives de 2012 en élisant 18 députés, a su conserver son score lors des législatives du 25 janvier, en faisant réélire 17 députés, malgré les charges criminelles qui pesaient contre tous les sortants. La direction du parti, en détention préventive depuis plusieurs mois, a également été réélu. Yanis Varoufakis avait déjà fait référence mercredi dans une interview à la télévision allemande au danger « d’humilier trop longtemps une nation fière », dans un parallèle audacieux entre la Grèce d’aujourd’hui, aux prises avec les exigences d’austérité de ses créanciers, et l’Allemagne des années 1930, mobilisée contre le traité de Versailles de 1919 et les demandes de réparations des vainqueurs de la Première guerre mondiale.

> Ne pas répéter l’erreur du traité de Versailles

Les lourdes pénalités économiques imposées à Berlin au terme de la première guerre mondiale avaient largement nourri l’argumentaire du parti nazi, à un moment où l’Allemage se débattait dans une crise économique et sociale. Tout juste après avoir prêté serment le 27 janvier, le nouveau Premier ministre Alexis Tsipras avait déposé une gerbe de roses en hommage à 200 résistants communistes grecs exécutés par les nazis en 1944.

Alexis Tsipras a par ailleurs accepté jeudi d’assister le 9 mai à Moscou à la fête nationale russe, qui commémore la victoire sur le IIIème Reich, déclarant : « la lutte contre le nazisme est très importante et qu’il a l’intention d’accepter cette invitation ». Athènes fait régulièrement valoir que pour ne pas répéter l’erreur du traité de Versailles, la Grèce avait renoncé après 1945 à réclamer à l’Allemagne une somme de 476 millions de Reichsmark que le régime nazi lui avait extorquée. Le gouvernement Tsipras est arrivé au pouvoir en particulier sur la promesse d’alléger le fardeau de la dette du pays. Il a également promis de revendiquer auprès de l’Allemagne des réparations pour ce prêt imposé et pour les dommages subis pendant l’occupation.

AFP