« Panama Papers », ou quand le monde de la finance est encore montré du doigt. Étrangement, le Luxembourg est à nouveau en première ligne. Pourtant, après les LuxLeaks, les autorités, les banquiers et les politiques s’étaient mis d’accord pour changer la mauvaise image qui colle au pays, celle d’une place financière tournée vers la maximisation du profit et l’optimisation fiscale, pratique devenue une banalité pour les professionnels de la finance et de toute la place luxembourgeoise.
Le plus grave, dans cette histoire, n’est pas d’apprendre que le cabinet d’avocats Mossack Fonseca a une filière au Luxembourg ou de savoir que parmi les dix banques utilisant le plus des structures offshore afin de dissimuler des avoirs se trouvent quatre banques luxembourgeoises dont une filiale de la BIL (dont l’État est actionnaire), puisque les structures offshore sont légales à condition d’être déclarées.
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Ce qui est grave, c’est l’hypocrisie des puissants, quand depuis plus de deux ans, le ministère des Finances explique que le Luxembourg n’est plus un paradis fiscal et que les Big Four (qui auditent les banques et autres entreprises financières) publient des rapports sur les crimes économiques et ne mentionnent pas une seule fois le mot «offshore».
Pire, l’accent est mis sur le danger que représentent les exigences réglementaires pour les entreprises. Au Luxembourg, le vol de fichiers et leur divulgation sont interdits et punissables par la loi, alors que le mensonge et l’hypocrisie restent légaux, au détriment d’une économie européenne qui pourrait retrouver une vraie croissance avec les sommes cachées par les puissants de ce monde.
Croire que la finance a tiré des leçons de la crise de 2008 est une utopie. Mais, rassurons-nous, ce n’est pas un mal propre au pays. L’Islande et son Premier ministre, ainsi que douze chefs d’État en activité et des centaines de dirigeants, font exactement la même chose. Mais ne crachons pas dans la soupe, nous sommes bien mieux lotis que les 25 % de Panaméens qui vivent en dessous du seuil de pauvreté et ne profitent pas des milliards d’euros des structures offshore, alors qu’ici, c’est la place financière qui fait tourner la boutique.
Jeremy Zabatta (jzabatta@lequotidien.lu)