[Tour des Flandres] La 100e édition promet beaucoup sur le plan sportif. Cancellara, Sagan, Van Avermaet et tant d’autres partent avec les meilleures intentions.
Jamais sans doute un Tour des Flandres ne se sera élancé dans une atmosphère si pesante en dépit du printemps qui déversera ses premiers vrais rayons de soleil sur ses monts réputés. Oui, les jours précédant la centième édition ont été extrêmement douloureux, anxiogènes.
Attentats de Bruxelles dont les retentissements seront bien visibles ce dimanche matin au départ de Bruges avec un dispositif de sécurité inédit. Décès de deux jeunes coureurs belges le week-end dernier. Antoine Demoitié (25 ans), victime d’une chute avant d’être percuté par une moto lors de la classique Gand-Wevelgem. Il rêvait de découvrir le «Ronde» avec son équipe Wanty. Et comme si un malheur ne pouvait pas arriver seul, Daan Myngheer (22 ans) succombait lundi soir à Ajaccio à un infarctus après avoir été victime d’un malaise samedi matin lors du Critérium international.
Mais forcément, dès les premiers monts, ces côtés pavées qui font le sel du «Ronde Van Vlaanderen», la course, comme toujours, reprendra ses droits. Sportivement parlant, il y a tout pour qu’on assiste à un très grand Tour des Flandres, même si, bien sûr, les supporters belges regretteront la mauvaise passe assez inextricable de l’équipe Etixx-Quick Step, impuissante depuis le début de la campagne des classiques.
« Nous avons vingt victoires depuis le début de la saison, mais si on ne gagne pas une course flamande, les critiques seront féroces. L’année dernière, nous n’avions remporté que l’Amstel après avoir aligné de très belles statistiques. Aujourd’hui je signe pour une deuxième place au Tour des Flandres », a ainsi confessé, vendredi, Patrick Lefevere dans les colonnes du Soir.
Si le patron de l’équipe belge ne se montre pas plus ambitieux que ça, c’est bien que les signes envoyés ces derniers temps, que ce soit sur le Het Nieuwsblad fin février, mais plus sûrement encore, sur le Grand Prix E3 et Gand-Wevelgem, le week-end dernier, ne sont pas favorables du tout.
Nous avons surtout droit à chaque fois au même scénario. Des attaques percutantes de leurs adversaires. Et une incapacité aussi manifeste qu’inattendue de la bande à Tom Boonen à riposter. Les temps sont durs. Pour le moment, ni Boonen ni Terpstra ni Stybar ne sont en mesure de donner le change face aux Sagan, Cancellara, Kwiatkowski ou Van Avermaet.
Pas toujours au top au même moment, mais toujours prompts à piéger les coureurs de l’équipe Etixx-Quick Step. « Il y a dans le peloton trois coureurs qui, individuellement, sont supérieurs : Cancellara, Sagan et Van Avermaet. Même collectivement, nous n’avons pas réussi à déjouer leurs plans jusqu’ici », a étayé Lefevere dans les colonnes de notre confrère bruxellois.
Cancellara vise un quadruplé !
Qu’en sera-t-il dimanche ? C’est une autre histoire, car, on le sait, il est encore temps pour la bande de Lefevere de reprendre la balle au bond. L’occasion serait alors belle de parler de revanche. Mais c’est vrai et c’est une évidence criarde à ce stade de la saison, aucun coureur de l’équipe Etixx, en dépit de leurs efforts, n’a été en mesure de soutenir la comparaison. Un peu comme le dernier vainqueur Alexander Kristoff, heureux au cours de la semaine de retrouver des couleurs sur les Trois Jours de la Panne, mais assez mal en peine pour donner la réplique lors des précédentes classiques.
À l’évidence, les Sagan, Kwiatkowski, Cancellara, Vanmarcke et Van Avermaet partent à l’assaut de la centième édition avec la faveur des suffrages, même si, bien sûr, tout reste à écrire.
Le Tour des Flandres est une classique à part. Sans doute la plus dure physiquement à agripper. Il faut réunir tout un tas d’éléments favorables pour mettre la balle au fond. Et si parmi les cinq grands favoris précipités, seul Fabian Cancellara l’a déjà remporté (à trois reprises, comme Tom Boonen d’ailleurs), c’est tout sauf un hasard.
« Cancellara est aussi fort qu’à l’époque de ses belles victoires sur les pavés. Il a l’expérience, la maturité et l’art de provoquer la nervosité chez ses adversaires », résumait encore Lefevere dans Le Soir. Verdict dimanche sur le coup de 16h30…
Denis Bastien