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Crash de l’avion TransAsia : les deux moteurs étaient à l’arrêt au moment de l’accident


L’un des deux moteurs de l’ATR 72-600 victime d’un spectaculaire accident mercredi à Taïwan était en panne et l’autre avait été arrêté pour une raison inconnue peu avant le crash ayant fait au moins 35 morts, ont annoncé vendredi les enquêteurs.

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Les secours et plongeurs continuent de sonder la rivière pour retrouver les passagers portés disparus. (Photos : AFP)

L’appareil bimoteur de la compagnie taiwanaise TransAsia, dont les moteurs sont fabriqués par Pratt & Whitney Canada, s’est abîmé dans les eaux glacées d’une rivière peu après son décollage de l’aéroport Songshan de Taipei, avec 53 passagers et cinq membres d’équipage à bord, dont 31 ressortissants chinois.

« D’après les données dont nous disposons, nous pouvons constater que (…) les deux moteurs n’ont exercé aucune poussée » dans les instants ayant précédé le crash, a déclaré Thomas Wang, directeur du Conseil de sécurité de l’aviation civile en charge de l’enquête sur la catastrophe. Une alarme s’est déclenchée signalant l’extinction du moteur droit à 10h53 minutes et 28 secondes alors que l’avion se trouvait à moins de 400 mètres d’altitude.

Pour une raison inconnue, le pilote a aussitôt éteint le moteur gauche puis tenté de le redémarrer, sans y parvenir. « Nous avons entendu un SOS à 10:54.35′, a précisé Thomas Wang. Nous n’avons pas encore déterminé pourquoi le moteur (gauche) avait été éteint manuellement. Nous tentons toujours d’interpréter les données des boîtes noires. »

« Il semble qu’ils aient éteint le mauvais moteur », indique Greg Waldron, directeur de la revue spécialisée Flightglobal. « Le moteur droit a pris feu mais en soi, ce n’est pas suffisant pour provoquer un accident parce que l’ATR est conçu pour voler sur un seul moteur. » Une telle hypothèse rappelle l’accident en 1989 d’un Boeing 747 de la British Midland qui s’était écrasé sur une autoroute britannique lorsque les pilotes avaient coupé un moteur qui fonctionnait bien au lieu de couper celui qui était défectueux. L’accident avait fait 47 morts.

Le vol GE235 de la compagnie taïwanaise TransAsia avait pour destination Kinmen, petite île côtière située à proximité du continent chinois mais contrôlée par Taïwan. Des images vidéo amateur ont montré l’ATR 72-600 à turbopropulseur en train de perdre de l’altitude et de décrocher, puis heurter le parapet d’un pont autoroutier et plonger dans une rivière en laissant derrière lui une traînée de débris.

Le pilote, Liao Chien-tsung, 41 ans, fait partie des 35 victimes. Quinze personnes ont survécu et les secouristes tentaient vendredi de retrouver les corps de huit disparus. Le corps de Liao a été retrouvé dans le cockpit, les deux mains cramponnées à la poignée de commande de direction, et les deux jambes fracturées, selon le quotidien taïwanais China Times. « Il s’est efforcé de tenir le manche jusqu’au dernier moment, avant que l’avion ne plonge dans la rivière, pour tenter de contrôler sa direction et de limiter les dégâts », affirme le quotidien, citant des sources proches de l’enquête.

> Problème de moteur à la livraison

Par ailleurs, la Direction de l’aviation civile taïwanaise (CAA) a révélé vendredi que l’ATR accidenté mercredi avait connu un problème de moteur lors de son vol de livraison en avril dernier entre Toulouse (sud-ouest de la France) et l’Asie. « Un des moteurs avait perdu sa puissance pendant le vol et avait dû être remplacé par le fabricant », Pratt & Whitney Canada, a indiqué Clark Lin, responsable des normes à la CAA.

Deux enquêteurs du Bureau d’enquête et d’analyses (BEA) français pour la sécurité de l’aviation civile devaient se rendre à Taïwan, ainsi que quatre ingénieurs d’ATR. Il s’agit du deuxième accident subi par la compagnie taïwanaise en un peu plus de six mois, après le crash le 23 juillet d’un vol intérieur qui s’était écrasé avec 54 passagers et quatre membres d’équipage sur une île de l’archipel touristique de Penghu, au large de la côte occidentale de Taïwan. Quarante-huit personnes, dont deux Françaises, avaient été tuées.

La zone était frappée au moment de l’accident par un typhon. Le directeur de l’aviation civile taïwanaise, Lin Tyh-ming, a indiqué que TransAsia avait reçu une feuille de route pour améliorer ses normes de sécurité et la qualification de ses pilotes après la tragédie de juillet mais qu’elle n’avait rempli ses obligations qu’aux deux tiers en décembre. La compagnie, qui s’est vu provisoirement interdire d’ouvrir de nouvelles liaisons, a jusqu’à juin pour se mettre en conformité.

AFP