Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
La compagnie aérienne luxembourgeoise de fret a présenté un résultat annuel en nette hausse par rapport à l’année précédente, mais reste prudente pour la suite.
En multipliant son bénéfice net par seize l’année de son 45e anniversaire, Cargolux s’offre un très beau cadeau d’anniversaire et un record de tonnage. Une embellie pour le transporteur aérien qui devra tout de même faire preuve de prudence pour garder le cap.
Tous les voyants sont au vert pour Cargolux. Avec un bénéfice net de 49,479 millions de dollars sur l’année 2015 (après impôts), contre 2,854 millions en 2014, la compagnie aérienne luxembourgeoise de fret va pouvoir se concentrer sur son ambition : toucher 5 % du marché mondial d’ici 2020. Actuellement, Cargolux participe à hauteur de 4 % au marché du fret aérien.
Les bons résultats de la société s’expliquent, selon Dirk Reich, le directeur général de Cargolux, «par une bonne gestion opérationnelle, un modèle d’affaires flexible et performant, mais également un travail de toutes les équipes de la compagnie. Les mesures de réduction des coûts entreprises en 2014 ont porté leurs fruits.»
Dans le top 10 du transport de fret
Richard Forson, le directeur financier de Cargolux, a également précisé que le bas prix du carburant a joué dans les résultats de la compagnie sans pour autant être la principale raison de ce résultat survitaminé. «Le prix du carburant est effectivement très bas, mais nous procédons à un ajustement de nos factures en faveur de nos clients. Donc, au final, la baisse du pétrole n’est que faiblement répercutée dans notre bénéfice net», a assuré Richard Forson. Les 49 millions de dollars de bénéfice s’expliquent en grande partie par le développement de la flotte et des liaisons commerciales vers la Chine, notamment grâce aux 13 vols par semaines entre les hubs de Chicago et Zhengzhou en Chine.
Au niveau global, Cargolux s’est démarquée face à la concurrence, qui, elle, a montré des signes de faiblesse, notamment Lufthansa et Air France-KLM. Aujourd’hui la compagnie luxembourgeoise est classée à la huitième position des compagnies aériennes de fret dans le monde. Elle affiche même une part de marché de 3,4 %, alors que ses concurrents européens sont en recul. «L’ambition est maintenant de rester autour des 4 % de parts de marché et de concurrencer Qatar Airways Cargo.» D’ailleurs, un des défis pour l’avenir est de concurrencer l’expansion agressive de la compagnie aérienne qatarienne (et ancien actionnaire).
Pour cela, Cargolux va miser en 2016 sur ses relations avec la Chine et investira 77 millions de dollars dans sa nouvelle coentreprise Cargo China, basée à Zhengzhou. Les opérations de Cargolux China devraient commencer en 2017 pour se concentrer sur des liaisons transpacifiques et intra-Asie avec une flotte de cinq Boeing 747 Freighters.
Pour atteindre ces ambitions, Dirk Reich, souhaite que le rythme de croissance reste soutenu afin de pouvoir, dans un premier temps, continuer à rembourser la dette de la société, qui se monte tout de même à un peu moins de 2 milliards d’euros en raison de couteux investissements dans la flotte d’avions. Dans un second temps, Cargolux va devoir jouer des coudes pour grignoter des parts de marché à Qatar Airways Cargo tout en faisant face à des problèmes plus locaux.
En effet, la compagnie est toujours contrainte de faire face à une législation luxembourgeoise qui tend à réduire les vols de nuit et sera confrontée à la rénovation de la piste du Findel, ce qui engendrera des perturbations sur les vols Cargolux et donc des surcoûts. Pour ce dernier point, Dirk Reich envisage de demander des compensations financières.
Jeremy Zabatta
