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Réforme fiscale : la CGFP craint la paupérisation


Quelques jours après sa conférence de presse avec l'OGBL, la CGFP (ici, Romain Wolff) a précisé ses positions. (Photo : Editpress)

La Confédération générale de la fonction publique (CGFP) a, par voie de communiqué, voulu informer les contribuables luxembourgeois sur les éventuels vices contenus dans la nouvelle réforme fiscale.

Lors de la présentation de la réforme fiscale, le 29 février dernier, le Premier ministre, Xavier Bettel, avait déclaré : « C’est une réforme pour les familles, les enfants, pour les gens qui vivent et qui travaillent au Luxembourg .» Même discours prononcé par Étienne Schneider (LSAP) et Félix Braz (déi gréng). Ces derniers affirmaient « se retrouver » dans les mesures proposées, car elles donneraient «plus de pouvoir d’achat aux ménages» .

Cela dit, les questions ont depuis fusé : est-ce suffisant? La réforme est-elle réellement à la portée des ménages?

La Confédération générale de la fonction publique a souhaité réagir, hier. Point par point, le syndicat a passé au crible le projet de loi.

La CGFP félicite, d’abord, le gouvernement pour l’ouverture d’un espace de débat qui a permis à l’organisation syndicale de réaffirmer ses positions en la matière. Elle conteste tout allègement des compétences linguistiques pour l’acquisition de la nationalité luxembourgeoise et maintient l’exigence d’un niveau B1. C’est le seul point d’achoppement entre le gouvernement et les fonctionnaires.

Les fonctionnaires se montrent plus offensifs à propos de la réforme fiscale. Les préoccupations concernent les difficultés actuelles pour toute construction d’un bien, surtout pour les jeunes couples désireux de fonder une famille.

À ce niveau, des «progrès» restent à faire selon le syndicat. La possibilité de pouvoir déduire les intérêts des dettes et certaines cotisations de sécurité des impôts est approuvée, sous condition que les sommes déductibles de 336 et 672 euros puissent être retirées en une seule fois.

Que le capital soit davantage taxé, l’initiative est la bienvenue. Cependant, si l’imposition sur la retenue à la source est amenée à passer de 10 à 20 %, cela toucherait presque exclusivement les petites épargnes. Pour le syndicat, une telle mesure devrait d’ores et déjà être revue.

Foyers monoparentaux en danger

Dans un tel cas, des alternatives telles qu’une hausse des abattements devraient être considérées. Surtout dans la mesure où les taux d’intérêt, historiquement faibles, vont très certainement augmenter.

Si les efforts pour épauler les ménages sont salués, il n’en reste pas moins que la CGFP est particulièrement déçue par la réforme fiscale à l’égard de la taxation de la classe 1A, constituée en large partie de foyers monoparentaux. Leur situation personnelle ne devrait en aucun cas «inciter le gouvernement à amasser davantage d’argent», selon le communiqué. D’autant plus que, selon les chiffres du Statec sur l’année 2014, 68 % des contribuables de cette tranche d’impôt seraient particulièrement concernés par le risque de pauvreté.

La donne a également considérablement changé en ce qui concerne les familles nombreuses. Ces familles sont amenées à combler d’importantes coupes budgétaires.

Pour conclure, le syndicat de la fonction publique a voulu saluer la remise à niveau des allocations familiales en fonction des besoins pour l’année en cours, égalisation s’effectuant de façon automatique d’année en année.

Affaire à suivre, puisque la CGFP compte mener la lutte pour des mesures de taxation plus sociales et égales, pour tous les ménages, à tous les niveaux.

Thibaut Muller