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Neimënster : une culture très politique


Neimënster a présenté, hier, les six prochains mois de sa programmation culturelle, regroupée dans le Gudde Grond numéro 35. L’art politique se joue en plein air!

Le soleil présent hier matin dans le ciel de la capitale avait du mal à pénétrer dans l’abbaye enclavée du Grund. Néanmoins, il rappelait que l’hiver touche doucement à sa fin et qu’avec le printemps, puis l’été, revient la période des manifestations en plein air. Et c’est bien ce que prévoit Neimënster, qui lors des six mois à venir ne va pas trop tarder à reprendre possession de son parvis, avec la traditionnelle fête du Travail et des Cultures le 1er mai, le festival de musique OMNI (du 12 au 23 juillet) ou encore la 6e édition de la Theaterfest, qui se déroulera le 18 septembre.

Mais si Neimënster sort de ses murs, elle ne délaisse pas pour autant ses différents espaces intérieurs et ne change rien à sa politique de programmation. Ainsi, si l’abbaye va proposer 110 manifestations entre le 3 avril et le 27 septembre – malgré une relâche durant tout le mois d’août –, elle concentre désormais ses forces sur des «focus thématiques qui proposent différentes approches artistiques sur un même sujet», explique la directrice générale des lieux, Ainhoa Achutegui. Ainsi, du 21 au 25 avril, Neimënster propose de replonger dans l’œuvre de Miguel de Cervantes et de William Shakespeare à l’occasion du 400e anniversaire de la mort «de ce monstre de la littérature espagnole et mondiale et de ce monstre du théâtre anglais et mondial, morts tous deux le 23 avril 1616», rappelle la directrice.

À cette occasion, la salle Robert-Krieps abritera les représentations de la plus jouée des pièces de Shakespeare : The Tempest, et de La Historia del cautivo, où Cervantes mêle le récit de Don Quichotte et sa propre vie. Deux pièces qui seront d’ailleurs accompagnées par des groupes de musique baroque. Deuxième grand focus de la programmation, «¡No pasarán!» qui, du 28 avril au 22 mai, commémorera les 80 ans de la guerre d’Espagne et surtout cet «été 1936 où tout semblait encore possible dans les rangs républicains, malgré la montée du fascisme en Espagne et dans toute l’Europe». Musique, cinéma, expositions, conférences sont prévues dans ce sens, avec en highlight du focus, le concert de l’auteur-compositeur-interprète Rafael Amor qui reprendra les chansons révolutionnaires de 36.

OMNI, «le festival que tout le monde attend»

Après l’Espagne, c’est la Grèce qui sera mise à l’honneur avec, les 1er, 2 et 3 juillet, «Au cœur des faubourgs», dédié principalement au rebétiko mais qui rendra hommage à la culture grecque dans son ensemble et rappellera les problématiques actuelles du pays, entre Grexit et problématique des réfugiés.

Mais le mois de juillet à Neimënster, est avant tout celui du festival OMNI. «Le festival que tout le monde attend!» qui se tiendra du 11 au 23 juillet avec de grands noms comme Iggy Pop et Joe Bonamassa, mais également trois géants du jazz : Richard Galliano, Didier Lockwood et Philip Catherine, réunis sous le nom de Magic Trio (photo), la future star de la soul Brenna Whitakern, les rockeurs marocains Hoba Hoba Spirit, ainsi qu’un spectacle et une conférence avec Dominique Grange et le dessinateur Tardi, Putain de guerre!

Et après le mois d’août, ce n’est toujours pas fini. Car dès la rentrée de septembre, les programmateurs ont concocté un nouveau festival intitulé «Hate» sur les discours de haine. À travers des spectacles de danse et de théâtre – dont Hate Fuck, but Sweet?, une commande faite à Luc Spada pour l’occasion – mais aussi des conférences et des ateliers pour jeunes, l’abbaye va proposer un focus sur les discours de la haine, d’hier et d’aujourd’hui, pour mieux les contrer. Bref, du très très haut niveau et une programmation clairement politique, comme le veut la tradition du Centre culturel de rencontre abbaye de Neumünster.

Pablo Chimienti

www.neimenster.lu