Ne doutons pas du caractère scientifique de certaines disciplines (à moins que cette discipline n’ait pour but de remplacer la connaissance par la foi). Des chercheurs en linguistique luxembourgeoise de différentes origines se sont rencontrés en août 2001 dans le cadre de la 34e journée annuelle de la Societas Linguistica Europaea à Louvain (Belgique). Avec le concours du Fonds national de la recherche (FNR), un livre a été publié en 2006 sous la direction de Claudine Moulin et Damaris Nübling, Perspektiven einer linguistischen Luxemburgistik, Studien zu Diachronie und Synchronie (ISBN 3-9253-6156-4). Les scientifiques montrent les spécificités grammaticales de la langue luxembourgeoise régionale, c’est-à-dire même au-delà des frontières nationales.
Les règles et pratiques orthographiques, qui constituent l’obstacle majeur pour une large diffusion, ne sont guère abordées dans le livre (l’unification de la langue par une orthographie raisonnée reste une chimère, à notre avis). Par contre, les scientifiques se montrent préoccupés par le caractère dialectal. On constate in fine du livre (p. 353) que le développement d’une littérature contemporaine est le meilleur moyen pour conférer au patois le statut d’une langue en développement (voir les conclusions de l’article de Guy Berg «Abschied vom Dialekt. Zur lëtzebuergeschsprachigen belletristischen Gegenwartsliteratur»). Nous remarquons que sur les réseaux sociaux, les vaillants «Lezeboia» se réjouissent d’avoir repéré un Azerbaïdjanais qui a lancé une pétition en faveur de l’emploi du luxembourgeois dans la sphère officielle, comme langue administrative. Vive les difficultés d’interprétation de notre législation (sociale, fiscale) aux origines multiples en traduisant les termes juridiques dans la langue de Dicks (qui d’ailleurs fut notaire)!
Jean Rhein