Thalamot (RFCU) : « Certains agitateurs mènent une fronde contre nous »

C’est un secret de Polichinelle, l’ambiance autour du RFCU est… mitigée. En voulant faire place nette, privilégier les compétences parfois au détriment des fidélités, quitte à heurter pour «avancer», la nouvelle direction (française, une donnée qui devrait être anecdotique mais ne peut pas ne pas l’être) s’est fait plein de copains. Au sein même de ses sympathisants. Avec de tels amis, pas besoin d’ennemis, a-t-on coutume de dire. Vincent Thalamot, qui gère le club pour Daniel Masoni, est en train de le vérifier. Ces derniers mois et tout particulièrement ces derniers jours, puisque le feu a été déclaré du côté du Verlorenkost, les pyromanes pourraient bien venir de l’intérieur.

En attendant, des vérités (parfois parcellaires, souvent biaisées, dixit Thalamot) sortent. Et pour une fois, le comité répond.

Le Quotidien : Plusieurs médias annoncent la tenue d’une réunion de crise ce soir. Sur quoi va-t-elle porter?

Vincent Thalamot  : Oui, il y a une réunion. Mais pas de crise. C’est le genre de réunion que nous effectuons tous les deux mois pour faire un point avec toutes les composantes sportives et administratives du club. L’ordre du jour a été déterminé il y a un mois alors je devrais être Nostradamus si j’avais dû savoir qu’il s’agirait d’une réunion de crise.

Le thème?

Il y en a deux à l’ordre du jour. Rapport ville-académie. Équipe première. Comme thèmes, ce n’est ni enflammé ni endiablé il me semble.

Sauf si les faits rapportés dans les médias sont avérés.

Vous voulez commencer par quoi?

Une bagarre de vestiaire a été évoquée, ainsi qu’une animosité de l’effectif envers votre coach, Fabien Matagne, dont la tête aurait été réclamée.

Je vais être clair : dans chaque vestiaire au monde, il y a des tensions. Ce qui se passe dans le vestiaire, y reste. Mais on a parlé d’un match contre Niederkorn dans la presse. Oui, il y a eu une échauffourée : entre nos joueurs et ceux du Progrès. Pas entre les nôtres. Il n’y a même pas eu un haussement de ton dans le vestiaire.

Et concernant Fabien Matagne?

Il n’est pas question de ça aujourd’hui! (Il rit) Après, je vous dirais bien qu’en général, un entraîneur confirmé dans ses fonctions est viré deux semaines plus tard mais c’est uniquement parce qu’il est actuellement dans mon bureau et que j’aimerais le voir défaillir. Non, il n’y a pas de sujet Matagne!

Y a-t-il un sujet Masoni? Ses absences au chevet du club, la préséance qu’a son club de Troyes, fait beaucoup jaser.

(Intervient Laurent Bastien, responsable du budget) Il n’a jamais parlé d’arrêter, non. Effectivement, il a été moins présent parce qu’il prépare la descente de Troyes en Ligue  2 mais il a délégué. Et c’est pour ça que nous sommes là, à titre purement bénévole. Notre boulot, c’est de chercher des partenaires pour nous accompagner, mais pas pour le remplacer. C’est la seule vérité. Car M. Masoni a plus donné que reçu de la part du RFCU.

Soyons clair  : il avait dit peu après sa prise de fonction qu’il n’avait pas vocation à mettre de l’argent, mais il en a mis.

Vincent Thalamot  : Oui. Il a même mis plus qu’un petit peu. Mais aujourd’hui, il a décidé de mettre plus de temps et de personnel pour aller chercher de l’argent. Il a déjà beaucoup donné, il faut le soulager.

Puisque vous intervenez, M. Bastien, comment définir la situation financière du club aujourd’hui?

Laurent Bastien  : Elle n’est pas simple, comme 80  % des clubs de DN. Pas désespérée mais pas simple. Parce qu’on écluse le passé.

On évoque des retards de paiement.

Vincent Thalamot  : C’est vrai. Mais ça existe dans la plupart des clubs luxembourgeois, non? Je suis surpris qu’on n’en parle aujourd’hui que pour le RFCU.

Vous vous sentez harcelés?

Tape-t-on sur nous parce que la direction est française vous voulez dire? On peut se poser la question, mais je ne pense pas. Ou alors, c’est le fait d’une minorité. Et d’ailleurs, je tiens à signaler que nous sommes le seul club de DN et même de PH à arborer le drapeau luxembourgeois sur le col de notre maillot. Et c’est nous qui l’avons initié à notre arrivée au club.

Alors parce que vous faites « encore » parler de vous en faisant cavalier seul, loin de la LFL…

Je ne pense pas que l’on soit marginalisé à cause de ça. Quelles sont ses actions tangibles, de toute façon, à la LFL? Qu’a-t-elle apporté? Non, je pense que la raison vient de ce que certains agitateurs nostalgiques d’une époque révolue, qui ont été remerciés ou ont claqué la porte, mènent une fronde contre la nouvelle direction.

Peut-être auriez-vous dû vous accommoder de ces traces du passé?

Attendez, on a retrouvé des trucs douteux quand même. Qui expliquent en partie les trous de budget.

Quoi?

Des transferts douteux par exemple. Vous saviez qu’on n’avait pas touché un rond du transfert de Dwayn Holter à Greuther Fürth? Et presque rien sur celui de Christopher Martins à Lyon? Alors que Rodange, où il est passé bien moins longtemps que chez nous, a gagné plus d’argent sur son transfert. À l’époque, c’est Fabien Matagne, quand il était là-bas (NDLR  : à Rodange), qui avait négocié d’ailleurs. Des affaires comme ça, avec de l’argent prévu qui n’a jamais été touché, on en a plein et cela a laissé des trous dans le budget bien plus conséquents qu’on ne pensait. Alors quand j’entends que Daniel Masoni a été une vache à lait, je dirais plutôt que ses prédécesseurs ont malheureusement pour eux joué ce rôle.

Vos relations compliquées avec la Ville sont également pointées du doigt.

Ah oui, Mme Bessel (NDLR  : Simone Bessel, l’échevine des Sports de la commune) a dit que la Ville n’était pas une banque, même s’il est vrai que depuis un an, la commune prend en charge notre électricité. On a effectivement eu un rendez-vous avec elle. Nous souhaitions une rallonge par rapport aux subsides pour tout le versant social de notre académie, qui compte 400  jeunes. On ne veut pas lâcher ce volet, comme nous l’avons promis à Mme Lydie Polfer. Mais pour l’heure, on n’arrive pas à l’équilibrer, aussi parce qu’on n’a pas souhaité hausser le montant des cotisations, ce qui aurait été la solution la plus simple, mais que nous souhaitions éviter. Nous travaillons au quotidien pour trouver des solutions. On a des pistes chaudes, on va s’en sortir. Mais on en revient à la même chose  : vous pouvez me dire combien de clubs au Grand-Duché ne rencontrent pas ce genre de problèmes?

Financièrement, vous êtes victimes d’une volonté de trop en faire au niveau des jeunes?

Et on accueille aussi des réfugiés! On a désormais 25 à 30  gamins qu’on entraîne, qu’on habille, et pour lesquels on organise des matches amicaux. On y tient, c’est important. Mais on ne diminuera pas notre part de social, on s’est engagés à cela. On va donc trouver d’autres solutions. Quand je lis des commentaires sur internet qui disent que notre académie s’autofinance… Ces conneries me font bien rire  : c’est impossible.

Moralité? Comment va le RFCU? Alors tout est faux ou à demi-vrai?

Moralité? Le RFCU en a encore pris plein la gueule.

Julien Mollereau