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La météorite d’Yveline suscite l’intérêt des chercheurs


Didier Mathieu insiste sur l'importance de collecter les témoignages sur les météorites. (photo DR)

Le cliché d’Yveline Blanchard suscite aujourd’hui un vif intérêt de la part des chercheurs en astronomie. La retraitée de Marly, près de Metz, a attisé leur curiosité en photographiant le passage d’un bolide, jeudi dernier.

Jeudi, à 11  h  32, un bolide lumineux passait dans le ciel messin. Au même instant, Yveline Blanchard, retraitée de Marly qui photographiait un passage de grues cendrées, prend en photo le phénomène. Le cliché suscite aujourd’hui un vif intérêt de la part des chercheurs en astronomie.

Voici la photo prise par Yveline Blanchard depuis son jardin de la rue des Bleuets, à Marly, jeudi matin.

Voici la photo prise par Yveline Blanchard depuis son jardin de la rue des Bleuets, à Marly, jeudi matin.

François Colas, astronome à l’Observatoire de Paris, et Didier Mathieu, responsable du Planétarium d’Épinal, aimeraient en effet étudier l’image. Tous deux font partie d’un réseau d’envergure nationale, financé –  entre autres  – par l’Agence nationale de la recherche. Son nom  : Fripon. Sa mission  : implanter une centaine de caméras sur l’ensemble du territoire afin de scruter le ciel sans interruption et détecter la moindre entrée atmosphérique d’objets provenant de l’espace.

Les vestiges du système solaire

« Il est extrêmement intéressant de récupérer des météorites , argumente Didier Mathieu. Elles sont les vestiges de la formation de notre système solaire. Parce qu’elles sont restées dans l’espace, elles ont été « protégées » et n’ont pas évolué, contrairement à la matière qui a formé la Terre, par exemple. »

Le hic? Mettre la main sur une météorite se fait de plus en plus rare. « Beaucoup d’entre elles ont été retrouvées à la fin du XVIII e , début du XIX e siècle , dévoile Didier Mathieu. À cette époque, il y avait encore beaucoup d’ouvriers agricoles. Les gens étaient dans la nature, ils regardaient le ciel. » Dans le massif vosgien, la dernière découverte remonte à 2005.

En étudiant la photographie d’Yveline Blanchard, les chercheurs pourront étudier sa luminosité et, de là, en déduire sa taille. « C’est important car si elle est peu massive, il y a de gros risques pour qu’elle se soit désagrégée… et qu’il n’y ait rien à récupérer! », remarque Didier Mathieu. Après quoi, il sera temps d’évaluer sa trajectoire et investiguer sur le terrain.

Le chercheur précise qu’il est tout à fait possible de distinguer une météorite d’un vulgaire caillou. Encore faut-il circonscrire au maximum une zone de recherche pour la retrouver. « Pour le moment, on ne sait pas du tout où elle a atterri. C’est quelque part dans le quart Nord-Est… »

Tous appelés à scruter le ciel

Malheureusement, les caméras de Fripon ne sont pour l’heure d’aucun secours. Tout d’abord, parce que sur les quatre implantées en Lorraine, seules deux sont en fonction, à Sarralbe et à Épinal (les deux autres seront installées à Nancy et Homécourt). Par ailleurs, les caméras ne tournent actuellement que la nuit.

Aussi, le réseau Fripon se double d’une démarche de « science collaborative » appelée Vigie-Ciel. « Nous ne sommes pas assez nombreux pour organiser des campagnes de recherche de météorites sur le terrain , décrit François Colas. Nous avons besoin du public. » «Nous sommes des millions d’observateurs potentiels en France! , enchérit Didier Mathieu. Et maintenant, il faut faire vite. La mémoire précise s’efface, dans 15  jours, le passage de ce bolide ne sera plus qu’un vague souvenir. »

Marie Koenig (Le Républicain lorrain)

Plus d’informations sur http://ceres.geol.u-psud.fr/fripon/ ou par courriel à planetarium.epinal@wanadoo.fr