C’est un spectacle exceptionnel qui a lieu pratiquement tous les jours en ce moment dans le Roeserbann. Alors que, même si les températures semblent indiquer le contraire, le printemps arrive, les oiseaux migrateurs sont en train de quitter les terres ensoleillées du Sud pour remonter vers le Nord. Et actuellement, ce sont les grues qui se font le plus remarquer, accompagnées aussi de cigognes blanches.
«Les premières grues sont arrivées il y a deux ou trois semaines. Ce dimanche, il y en avait 320 posées entre Bettembourg et Roeser, et ce lundi matin j’en ai compté 800!» s’enthousiasme l’ornithologue Patric Lorgé, de natur&ëmwelt. D’autres grues se sont également retrouvées dans la vallée de l’Artert, non loin de Redange. Cette fréquentation assez inhabituelle, «d’habitude, lorsque l’on en compte 150, on dit que c’est déjà beaucoup!».
Il y a 30 ans, elles étaient menacées
Ces migrateurs viennent le plus souvent d’Espagne ou du Sud de la France. «Ils remontent ensuite vers le Nord de l’Allemangne et la Pologne pour passer l’été» précise le scientifique. Pouvoir observer le passage des grues est une chance, car leur parcours est très balisé, «elles remontent par un corridor qui ne fait pas plus de 150 kilomètres de large et le Luxembourg se situe juste dessus». De très nombreuses grues effectuent également une étape autour du lac du Der, en Champagne.
Actuellement, la population des grues est en bonne santé mais ça n’a pas été toujours le cas. «Il y a 30 ou 40 ans, c’était une espèce menacée car ces habitats étaient très souvent détruits», rappelle Patric Lorgé. Deux évènements ont permis d’inverser la tendance. Le premier, c’est la directive Oiseaux promulguée par l’Union européenne en 1979 grâce à laquelle des plans de sauvegarde ont pu être lancé. Le second est plus inattendu, «l’éclatement de la Russie a laissé de vastes zones libres dans lesquelles les grues ont trouvé des habitats de prédilection» précise-t-il.
Erwan Nonet