L’OL et Martins lessivés par l’AJax

Lyon et Christopher Martins ont quitté la scène européenne, ce mercredi, en recevant une leçon de la part de l’Ajax Amsterdam (0-3). Récit d’une journée à l’atmosphère professionnelle.

Le milieu de terrain luxembourgeois, 19 ans, n’affrontera pas le tenant du titre Chelsea en quart de finale. Il est désormais focalisé sur le 16e de finale de Coupe Gambardella contre Lyon La Duchère.

Il est 15 h 30 quand une plaque d’immatriculation luxembourgeoise vient décorer le parking de la Plaine de jeux de Gerland, que la seule avenue Jean-Jaurès sépare du Centre Tola-Vologe, le terrain d’entraînement de l’équipe professionnelle de l’OL. Le propriétaire de la voiture s’appelle Carlos. Il est le père de Christopher. «Moi, je n’ai jamais joué au foot. Tout ce qu’il sait faire avec un ballon, il ne le doit qu’à lui.» Carlos n’est pas le seul à être venu du Luxembourg voir jouer Christopher. Luc Holtz, le sélectionneur national, qui n’avait pas encore trouvé le temps cette saison de rendre visite à son poulain dans son quotidien lyonnais, a aussi fait le déplacement. Avant que les disciples de Johan Cruyff ne donnent une somptueuse leçon de football, le Rodangeois avait été le premier à mettre l’ambiance, à chaque fois en combinant avec Gaëtan Perrin, qui fait partie des trois titulaires d’hier (avec Del Castillo et Tousart) à avoir goûté à la Ligue 1.

La frappe des dix-huit mètres du Luxembourgeois était d’abord captée en deux temps par Stan van Bladeren (4e), puis sa tête était déviée in extremis en corner par un défenseur (8e). Deux actions suffisamment chaudes pour réveiller les Bad Gones. Le groupe de supporters lyonnais, qui comptait quelque 200 représentants hier, a donné de la voix derrière le but et avait trouvé un moyen très simple de perturber les jeunes néerlandais en déployant un drapeau du FC Utrecht, le grand rival de l’Ajax.

La tentative de déstabilisation n’a pas fonctionné. Plus grands, plus forts, plus techniques et mieux organisés collectivement, les Néerlandais ont vite pris les devants grâce à deux actions d’école (0-1 18e, 0-2 25e) avant de tuer définitivement le suspense au retour des vestiaires (0-3, 51e). Pour ne rien arranger, Gédéon Kalulu était expulsé (63e) pour avoir collé une gifle à un joueur de l’Ajax puis repoussé brutalement le bras du quatrième arbitre. Sûr qu’Alain Hamer – le dernier invité luxembourgeois de la journée – qui était envoyé par l’UEFA pour observer les arbitres, a validé la décision de ses confrères. Chris Martins n’était déjà plus là. Il n’était pas loin, simplement assis sur le banc et recouvert d’un manteau moelleux. Son coach, Joël Fréchet, l’avait étrangement sorti trois minutes plus tôt. Le milieu de terrain de 19 ans avait tout de même pris le temps de se manifester une dernière fois. Lancé en profondeur, il se présentait seul devant le gardien adverse et chutait. Les Bad Gones râlaient, persuadés qu’il avait été poussé par un défenseur. Martins est trop honnête pour se trouver une excuse : «Il n’y a jamais penalty. C’était un contact régulier, il a été meilleur que moi sur ce coup-là, c’est tout.»

Pour Carlos et Luc Holtz, le match s’est arrêté à la 60e minute. Ils ne sont pas les seuls spectateurs dans ce cas-là.

Sonny Anderson, Aulas et la Premier League…

Dans les tribunes, parmi le gros millier de spectateurs, plusieurs visages très connus : l’ancien international brésilien Sonny Anderson, légende du club, l’ex-gardien Grégory Coupet et forcément le président Jean-Michel Aulas, autant crispé que pendant un match de Ligue 1. Et puis il y avait tout ce tas d’agents et de recruteurs. «C’est comme ça à chaque fois. Ils sont toujours là pour ce genre de matches. Tous ces mecs-là savent très bien qui est Christopher Martins. Il a typiquement le profil box-to-box qui plaît aux clubs anglais», nous confie une personne en tribune de presse. Voilà pourquoi se baladent David Friio et Gilles Grimandi, respectivement recruteurs pour Manchester United et Arsenal. Rappel : Christopher Martins est lié à l’OL jusqu’en juin 2020. Il a encore trop des choses à vivre avec l’Olympique lyonnais pour penser à quoi que ce soit d’autre. Les dizaines de poignées de main échangées hier avec les Bad Gones ressemblent d’ailleurs à un avant-goût de ce qui l’attend. La Ligue 1 n’est pas encore arrivée pour Christopher Martins, alors la Premier League attendra. Et puis il paraît que son cœur penche plutôt pour la Bundesliga, alors…

De notre envoyé spécial à Lyon, Matthieu Pécot