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[Volley-ball] Pourquoi Strassen est-il imbattable ?


Kamil Rychlicki (bandeau gris) dans les bras de ses partenaires : avec lui, Strassen sera difficile à battre d'ici la fin de saison. (photo Julien Garroy)

Vainqueur de la Coupe de Luxembourg le week-end dernier, Strassen a atteint son premier objectif de la saison. Et il va falloir se lever tôt pour l’empêcher d’être champion.

PARCE QUE RYCHLICKI EST TOUJOURS LÀ

Depuis le temps qu’on le répète, c’est devenu un lieu commun. Kamil Rychlicki, jeune réceptionneur/attaquant de Strassen, international luxembourgeois, s’est bâti une réputation dans le volley grand-ducal à la hauteur du talent et de l’influence qu’il exerce à la fois dans son club et en sélection. À l’issue de la finale remportée par le VCS (3-2), Tim Laevaert, le réceptionneur/attaquant de Diekirch, et pote du joueur de Strassen, ne tarissait pas d’éloges sur lui. «En face, ils (NDLR  : les Strassenois) avaient un joueur extraordinaire.»

Lundi, Laevaert en a remis une couche. «Il va facilement trouver sa place au top niveau de l’Europe. Pour le VCS, avoir un tel joueur est évidemment un avantage et pour le Luxembourg, il est au-dessus du lot. Je suis tellement fier de lui et heureux de voir comment il évolue», affirme le joueur de Diekirch, qui côtoie Rychlicki en sélection.

L’entraîneur de Walferdange, Serge Karier, dont l’équipe s’est cassé les dents en demi-finale de la Coupe contre Strassen (3-1), affirme depuis le début de la saison que tout tournera autour de Rychlicki et de sa capacité à répéter ses performances. Et s’appuie sur sa propre expérience de recruteur pour illustrer la valeur qu’il accorde au joueur de Strassen.

«Depuis quatre ans, on essaie de recruter un joueur étranger à chaque intersaison. On s’intéresse à sa taille, sa détente, son service, son bloc… On a quand même réussi à attirer des gaillards solides au bloc, avec un service correct. Mais avoir quelqu’un de très bon en réception, c’est ce qui coûte le plus cher. Or Kamil peut jouer en réception dans un bon club européen et a plus de hauteur que tous les étrangers qu’on a pu recruter à Walferdange. Je ne pense pas que Strassen aura les moyens financiers pour recruter un joueur disposant des mêmes qualités, le jour où il partira», estime Karier.

Répétons-le une fois encore  : le «poste 4» de Strassen n’a certainement pas fini de progresser. La saison prochaine, il devrait soit évoluer en Bundesliga soit en Belgique. Peut-être en France, mais aujourd’hui, cette option a été reléguée au second plan.

PARCE QU’IL A PLUS D’EXPÉRIENCE

Les saisons se suivent et le démontrent quasiment à chaque fois. Même quand Strassen met du temps à se mettre en route, qu’il se fait chahuter comme cela a été le cas en championnat cette saison (défaites contre Walferdange et même Fentange), il parvient à avoir le dernier mot. Il a ainsi repris la tête de la Novotel Ligue juste avant le début des play-offs, dont les demi-finales l’opposeront, le mois prochain, à Fentange. C’est toujours mieux que de se frotter à Diekirch, troisième. Et cette fois, on peut s’attendre à ce que le VCS passe l’obstacle bien plus facilement que lors de cette dernière journée de championnat, qui l’avait vu s’incliner face aux hommes de Dragan Vujovic alors qu’il n’y avait plus le moindre enjeu.

La victoire de Strassen en finale de Coupe illustre aussi cette faculté à resserrer le jeu quand il le faut, à faire les points importants. Menés 1-2, Lentz et ses coéquipiers ont inversé la tendance. Encore. «Ils ont gagné ce match à l’expérience», affirme Karier, qui a vu un Rychlicki un peu moins présent en finale qu’en demi-finale. Qu’importe, le collectif strassenois s’appuie sur des joueurs qui se connaissent parfaitement  : Lentz, Kuchar, Tomsicek, Schmit… Ils font tous partis des meubles. «Tomsicek est en fin de carrière, il a de la bouteille. Plus que mon passeur Gilles Braas, qui pourtant a été excellent» , ajoute Karier. «Olivier De Castro (le libero) est aussi très stable, note Laevaert. Sa réception, et plus récemment son placement en défense, son impeccables. Ça permet aux passeurs d’accélérer le jeu.»

Strassen sait aussi réagir sur le marché des transferts. En début de saison, constatant ses carences en réception, le club a jeté son dévolu sur le «barbu» Milosevic. «Il prend près d’un tiers des réceptions. Ça fait une différence énorme», estime le coach de Walfer.

«J’ai un peu l’impression que Strassen est tout simplement un peu plus « professionnel » que les autres clubs» , conclut Laevaert.

PARCE QUE SES ADVERSAIRES NE TIENNENT PAS LA DISTANCE

Diekirch avait réussi son coup il y a trois ans en empêchant Strassen, amoindri par les blessures, de rafler un titre qui lui tend chaque saison les bras. Depuis, plus personne n’y est parvenu. Les Nordistes n’ont pu confirmer dans la foulée. Cette saison, Walferdange s’est élevé comme le rival numéro un du VCS et a longtemps occupé la place de leader en Novotel Ligue… après avoir vaincu Strassen (3-2) dès la 3 e  journée. Et battre Strassen, c’est –  quasiment  – l’assurance d’occuper la tête du championnat pendant un long moment…

Sauf que Walferdange n’a pas tenu le coup, passant en deuxième position après être passé au travers du match retour (3-0). En demi-finale de Coupe, Walferdange, qui doit toujours se passer de Bichel, son «poste 4», a accusé le coup (3-1). Et hormis Diekirch et Walferdange, personne au pays n’a les armes pour titiller le VCS.

«Je ne crois pas que ce soit de la faute des autres équipes si Strassen gagne, c’est Strassen qui arrive à dicter son tempo lors des matches décisifs», pense Laevaert. Karier, lui, est même convaincu que son équipe peut encore empêcher le VCS d’être champion.«Depuis notre match aller, nous n’avons jamais eu l’occasion de les affronter avec notre équipe au complet. Mes centraux peuvent tenir tête à ceux de Strassen. Mon pointu est un des meilleurs du pays. Il y a moyen de sortir Rychlicki d’un match, si on joue tous à notre maximum.»

Il va juste falloir le prouver.

Raphaël Ferber