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Syrie : une trêve après l’attentat jihadiste le plus meurtrier ?


Le district de Sayyidah Zaynab dans le sud de Damas (Syrie) a été visé par une attentat à la bombe, dimanche 21 février. (photo AFP)

Les efforts se multiplient pour parvenir à un cessez-le-feu en Syrie où des combats faisaient rage lundi près d’Alep, au lendemain de l’attentat jihadiste le plus meurtrier en près de cinq ans de guerre.

Le président américain Barack Obama et son homologue Vladimir Poutine devraient se parler dans les prochains jours pour finaliser les termes d’un accord provisoire de cessation des hostilités annoncé dimanche par le secrétaire d’Etat John Kerry.

L’annonce de cet accord a coïncidé avec une vague d’attentats du redoutable groupe jihadiste Etat islamique (EI), l’une à Homs (centre) contre les alaouites, et l’autre près de Damas contre les chiites, deux communautés « mécréantes » à ses yeux.

Le double attentat suicide perpétré à 400 mètres du mausolée de Sayeda Zeinab, l’une des petites-filles du prophète Mahomet, a fait 120 morts selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), dont 90 civils. Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier depuis le début le 15 mars 2011 du conflit en Syrie, qui a fait plus de 260.000 morts et poussé à la fuite plus de la moitié de la population. Il a été mené quelques heures après une double attaque à la voiture piégée, également revendiquée par l’EI, dans un quartier à majorité alaouite à Homs, qui a fait 64 morts selon l’OSDH.

L’EI est en guerre contre les alaouites, communauté issue du chiisme et à laquelle appartient le président Bachar al-Assad, et contre le Hezbollah libanais et l’Iran chiites, venus prêter main forte au régime syrien.

« Toujours puissant »

Par cette double opération sanglante et en coupant, lundi avec d’autres jihadistes une route vitale permettant au régime d’accéder à la ville septentrionale d’Alep, l’EI a voulu montrer que ses récents revers face à l’armée et aux kurdes n’avaient pas entamé sa capacité d’action.

D’après le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, les jihadistes de l’EI, visés à la fois par les frappes de la coalition internationale menée par les Etats-Unis et par les raids russes, « veulent envoyer un message pour montrer qu’ils sont toujours puissants malgré les frappes ». Selon lui, ce groupe ultraradical profite aussi de l’affaiblissement des rebelles syriens dans le nord syrien pour « montrer qu’il est le seul capable de frapper le régime dans ses fiefs, ainsi que les chiites et les alaouites ».

Pour la Russie, alliée indéfectible du régime Assad, les attentats de l’EI n’ont d’autre objectif que de torpiller « les tentatives pour trouver un règlement politique de long terme à la crise (…) et les efforts pour mettre fin au bain de sang ».

Dans un communiqué, les Affaires étrangères russes ont souligné la nécessité de « solidement bloquer » les tentatives de l’EI, du Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, et « d’autres groupes terroristes » « d’aggraver encore la situation en Syrie » et dans les pays voisins en provoquant des tensions confessionnelles.

L’opposition réunie à Ryad

La veille, M. Kerry a annoncé à Amman « un accord provisoire en principe » avec la Russie sur les modalités d’une trêve en Syrie, qui « pourrait commencer dans les prochains jours ». Tous les efforts en vue d’un cessez-le-feu ont jusque-là échoué, les multiples protagonistes sur le terrain voulant à tout prix éliminer l’un l’autre, en plus des profondes divisions internationales et de la montée en puissance de l’EI et du Front Al-Nosra.

Une trêve censée entrer en vigueur vendredi dernier conformément à un accord international parrainé par Moscou et Washington a été complètement ignorée. Avec le régime jugeant difficile sa mise en application, l’opposition syrienne posant des conditions quasiment irréalisables et les groupes jihadistes hors de contrôle, il est difficile de concevoir un cessez-le-feu global dans le pays.

Dans ce contexte, des groupes clés de l’opposition syrienne étaient de nouveau réunis à Ryad alors que la perspective d’une relance des négociations de paix semble lointaine après l’échec de Genève il y a près de trois semaines.

Le Quotidien / AFP