Un projet de réforme du droit du travail du gouvernement socialiste français, qui facilite le licenciement économique et assouplit la durée du travail, a été accueilli fraîchement jeudi par la gauche et les syndicats, qui ne le jugent « pas acceptable » en l’état.
L’objectif du texte, l’une des dernières grandes réformes du quinquennat du président François Hollande avant la présidentielle de 2017, est d' »améliorer la compétitivité des entreprises, développer et préserver l’emploi », a expliqué la ministre du Travail, Myriam El Khomri, dans un entretien au quotidien économique Les Echos.
Le projet, qui sera présenté le 9 mars en Conseil des ministres, vise à instaurer « une flexi-sécurité à la française », avait justifié la semaine dernière le président Hollande, en apportant de la « souplesse » aux entreprises en matière d’embauches, tout en assurant la sécurité des salariés.
L’aménagement du temps de travail ou le taux de rémunération des heures supplémentaires, toujours encadrés par la loi, seront par exemple décidés par des accords d’entreprises.
Salué par le patronat, satisfait notamment du plafonnement prévu des indemnités en cas de licenciement abusif, le texte fait grincer des dents jusqu’au sein du parti socialiste (PS) au pouvoir.
« Dans l’état, j’aurais du mal à le voter », a réagi le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis. « Ce texte-là, pour l’instant, ne montre pas son équilibre entre une flexibilité et une sécurité », a-t-il ajouté.
« On ne peut pas laisser les choses en l’état », a également jugé Jean-Claude Mailly, secrétaire général du syndicat Force ouvrière, qui s’est dit « prêt à agir avec d’autres organisations » syndicales contre le projet.
« Demain, si vous travaillez et que vous faites des heures supplémentaires, vous serez vraisemblablement moins payé. Si vous êtes licencié et que le licenciement est considéré abusif, vous aurez moins d’indemnités », a-t-il expliqué. Enfin, « si votre entreprise a des difficultés, vous serez viré plus facilement ».
Myriam El Khomri est consciente que les débats seront « nourris », mais elle ne perd pas espoir de « convaincre les parlementaires de l’ambition de ce projet de loi ».
En cas d’échec, le gouvernement prendra « ses responsabilités », a-t-elle prévenu, faisant ainsi allusion à un recours éventuel à l’article 49-3 de la Constitution, qui permet d’adopter une loi sans vote, en engageant la responsabilité du gouvernement.
Le Quotidien / AFP