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Plan pauvreté : les associations déplorent des insuffisances et retards


Chaque soir à Paris, des dizaines de sans-abri échouent à trouver un lit. (Photo : AFP)

Le collectif d’associations Alerte a demandé mercredi une accélération de la mise en œuvre du plan de lutte contre la pauvreté, regrettant des «insuffisances» et «retards», notamment en matière d’accès aux droits et de logement.

«Il reste encore 14 mois à ce gouvernement, nous aimerions bien qu’il y ait des accélérations sur un certain nombre de points», a déclaré François Soulage, président d’Alerte, lors d’une présentation à la presse d’un bilan des trois ans du plan.

François Soulage a estimé que ce plan gouvernemental sur cinq ans, lancé en 2013 et actualisé il y a un an dans une «feuille de route 2015-2017», se déroule «cahin-caha». Le collectif, qui regroupe 39 associations ou collectifs comme ATD Quart Monde, la Croix-Rouge, Emmaüs ou l’Uniopss, estime que le plan «n’a pas permis de stopper la hausse de la pauvreté», bien qu’il ait «permis d’amortir un peu le choc de la crise économique pour les plus fragiles».

Il a appelé l’État et les collectivités à aller «beaucoup plus loin, beaucoup plus fort, en priorité pour assurer un toit et un emploi pour tous». Plus de 8,6 millions de personnes, soit 14,2% de la population, vivaient sous le seuil de pauvreté de 1 000 euros par mois en 2014, une hausse de 0,2 point en un an, selon l’Insee.

Dans son bilan, le collectif a salué quelques «avancées», comme des mesures pour faciliter l’inclusion bancaire des plus démunis.

Parmi les engagements tenus figure aussi la création au 1er janvier 2016 de la prime d’activité, nouveau dispositif d’aide aux travailleurs à revenus modestes. «Nous restons très vigilants», a cependant souligné Véronique Fayet, présidente du Secours Catholique.

Cette prime a en effet été lancée avec l’objectif initial de toucher seulement 50% des bénéficiaires potentiels, et Alerte espère que «les 100% de recours» pourront être atteints.

Plus globalement, le collectif estime que le gouvernement doit faciliter l’accès aux droits et «lutter plus franchement contre le non recours». Des projets de simplification, comme le couplage de prestations (fusion RSA/Allocation spécifique de solidarité), n’ont pas encore abouti, et le taux de recours à l’aide à la complémentaire santé (ACS) reste faible.

Alerte juge par ailleurs que les résultats obtenus en matière d’emploi, d’hébergement et de logement «restent, comme les deux années précédentes, un échec». La garantie jeunes, dispositif d’accompagnement des jeunes décrocheurs vers l’emploi, est «une mesure intelligente mais sous-calibrée» par rapport aux besoins, a estimé Florent Gueguen, directeur général de la Fnars.

«Un des gros points faibles» de la mise en œuvre du plan est le volet hébergement/logement, selon Christophe Robert, directeur général de la Fondation Abbé Pierre, qui a regretté que l’objectif de mettre fin à la gestion saisonnière de l’hébergement n’ait pas été atteint.

Concernant l’accès aux soins, le collectif regrette que l’Aide médicale d’État (AME, pour étrangers en situation irrégulière) n’ait pas été incluse dans la Protection universelle maladie (Puma) créée au 1er janvier 2016.

Il s’interroge enfin sur la mise en place du tiers payant généralisé, prévu par la loi Santé. La dispense d’avance de frais pour la partie Sécurité sociale ne doit devenir obligatoire pour tous qu’à partir du 30 novembre 2017, soit après l’élection présidentielle, a souligné Yannick Le Bihan, de Médecins du monde.

AFP/M.R.