Discrète depuis sa défaite aux régionales de décembre dans le Nord, Marine Le Pen fait sa rentrée médiatique lundi au 20H00 de TF1, au lendemain d’un « séminaire » consacré à sa stratégie électorale, où a été réaffirmée la ligne économique de son parti.
À l’issue de deux jours et demi de discussions à huis clos dans l’Essonne, avec une cinquantaine de cadres dirigeants, le FN a sobrement expliqué dimanche soir qu’avaient été réaffirmés « les grandes valeurs » et « les grands axes » de sa politique économique, « souveraineté économique » et « monétaire ».
En clair, et comme le laissaient entrevoir dès avant le séminaire plusieurs cadres du FN, la sortie de l’euro reste au programme, bien que critiquée en interne par certains qui craignent qu’elle rebute les électeurs et les milieux économiques. Dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, le patron du groupe Bonduelle n’avait-il pas un mois avant le scrutin mis en garde contre le FN et le repli sur soi?
Fervent défenseur de la ligne économique, le numéro deux du FN, Florian Philippot a fait le service après vente lundi matin sur les ondes: « Je ne crois pas du tout que ça rebute. Je crois qu’au contraire ça attire, parce que les gens se disent Ah ben ceux-là, au moins, ils ne sont pas dans le catalogue de mesurettes rabâchées depuis 30 ans. »
Ce week-end studieux est un moment de « maturité » pour le parti, se sont réjouis de concert M. Philippot et le sénateur FN David Rachline. « Peut-être que le Front national devrait le faire plus souvent », a même jugé M. Philippot. Mais aucun grand soir programmatique n’est sorti de cette séance inhabituelle de « brain storming ».
« Nous sommes convaincus que notre projet est par certains aspects caricaturé par certains de nos adversaires », a glissé le sénateur David Rachline lundi. Et sur la question de l’euro justement, il tient à préciser qu’il est « faux » de dire que « le FN veut sortir brutalement de l’euro ».
« Il va falloir discuter, négocier », a-t-il ajouté, manière de rassurer et d’illustrer le slogan inattendu apparu récemment sur les affiches du parti: « La France apaisée ». Il faut « montrer aux Français que nos propositions sont raisonnables », a-t-il insisté.
« Comment on fait mieux connaître nos propositions. C’est ça l’enjeu. Quels sont les arguments , qu’est-ce qu’il faut déminer comme fausses idées qu’ont les gens en tête sur le Front », renchérit Florian Philippot.
L’idée est aussi de mettre en avant d’autres sujets comme le « soutien aux PME/TPE », « la justice fiscale », « les questions de santé publique », « l’innovation », « l’écologie »…
Quant à la présidente du FN, qui a disparu des écrans radars depuis sa défaite aux régionales il y a près de deux mois, elle fera le point sur TF1 lundi soir mais restera discrète dans les semaines à venir.
« Elle restera présidente, cela ne veut pas dire qu’elle ne doit pas prendre un petit peu de distance vis-à-vis de la politique politicienne, privilégier les contact avec les Français directement sans intermédiaire », a expliqué David Rachline.
Marine Le Pen « souhaite effectivement s’extraire du buzz médiatique quotidien parisien, qui n’est pas très intéressant il faut le dire », a ajouté Florian Philippot. « Elle commence cette semaine, dans quelques jours, un grand tour de France métropolitaine , d’outre-mer, un peu d’étranger aussi », a-t-il détaillé.
Au niveau interne, l’accent est mis sur « la formation des élus, des cadres », mais aussi sur l’idée d' »investir plus rapidement les candidats aux législatives pour qu’ils aient le temps de se faire connaître dans leur circonscription ».
Interrogé sur le fait de savoir si le FN atteignait un plafond de verre, Florian Philippot a livré son analyse: « Je crois qu’il n’y a ni plafond de verre ni mur de béton, peut-être une fine épaisseur de polystyrène dont on va réussir à se débarrasser par le poids des idées. »
Le Quotidien / AFP