La 6e édition du Luxembourg City Film Festival aura lieu du 25 février au 6 mars à Luxembourg-Ville.
Dix films sont en compétition, ainsi que huit documentaires. Parmi eux, trois productions luxembourgeoises. La remise des prix aura lieu le vendredi 4 mars à l’Utopolis (Kirchberg) : Grand Prix (10 000 euros), Prix du documentaire (5 000 euros), Prix du jury jeune (2000 euros), Prix de la critique et Prix du public.
Tous les films peuvent être vus par le public. Séances, billetterie et infos sur www.luxfilmfest.lu
Un nouveau QG
Innovation de cette 6e édition : un quartier général « Magic Mirrors » prendra place sur la place de la Constitution, sous la forme d’un chapiteau en bois de 16 mètres de diamètre pour une capacité d’accueil de 200 personnes. « Il servira de phare au festival », annoncent les organisateurs. Une navette spéciale mènera de ce QG à l’Utopia en passant par la Cinémathèque, principaux sites du festival avec l’Utopolis Kirchberg.
Réalité virtuelle. Ce QG abritera un espace consacré à la réalité virtuelle (animé par la société luxembourgeoise a_BAHN). Le 24 février, Hotel Budapest, œuvre en 360° réalisée par Éric Lamhène, plongera le public au cœur de la réalité des migrants bloqués à la frontière serbo-hongroise.
Nobel de littérature. Dans ce QG, Svetlana Alexievitch, prix Nobel de Littérature 2015, auteure de La Supplication (dont l’adaptation en documentaire sera en compétition), se prêtera à une conversation autour de témoignages poignants de survivants de la catastrophe de Tchernobyl, le 26 février (18h) avec le journaliste et critique français Jean-Claude Raspiengeas, suivie d’une séance de dédicaces.
Événements. Diverses manifestations professionnelles et soirées seront organisées dans ce « Magic Mirrors », comme une Luxembourg Video Clip Awards Night (le 28 février), un Openscreen (le 3 mars) ou un ciné-live « Les mondes futurs » d’après le roman de H.G. Wells (le 1er mars).
Des exclus en ouverture et en clôture
Hors compétition, le festival accueillera deux films aux castings hollywoodiens, deux mois avant leur sortie au Benelux et aux États-Unis.
En ouverture : Demolition, du réalisateur canadien Jean-Marc Vallée (Wild, Dallas Buyers Club), avec Jake Gyllenhaal et Naomi Watts. L’histoire d’un jeune investisseur qui s’efforce de comprendre le manque d’émotions que suscite la mort de sa femme après un accident de la route.
En clôture du festival : le très attendu Maggie’s Plan, de Rebecca Miller, avec Ethan Hawke, Greta Gerwig, Julianne Moore et Bill Hader. L’histoire d’une jeune femme qui s’efforce de faire sa vie à New York, avec des hauts et des bas.
Les jurys
Compétition internationale. Le jury comptera l’écrivain, auteur et réalisateur français Vincent Ravalec, que le Luxembourg connaît notamment pour son rôle de scénariste du film JCVD.
L’événement de cette édition sera la participation d’un des plus grands auteurs du cinéma chinois contemporain : Wang Xiaoshuai (11 Flowers, Shanghai Dreams, Beijing Bicycle), qui a obtenu un Ours d’Argent à Berlin, un prix du Jury à Cannes et un Léopard d’or à Locarno.
Son « Boleto al paraíso » fut sélectionné au festival de Sundance, sa plume fait figure de référence en Amérique latine, le critique et réalisateur cubain Gerardo Chijona fera également le déplacement jusqu’à Luxembourg.
L’actrice russe Dinara Droukarova (à l’affiche de La Supplication, le film de Pol Cruchten présenté en compétition documentaire), qui a joué notamment dans Amour et Gainsbourg, fera également partie du jury.
Compétition documentaire. Lauréat de l’édition 2015 (avec Toto ans his sisters), le Roumain Alexander Nanau officiera aux côtés d’Antoine Compagnone (directeur du Festival du film italien de Villerupt), Michel Demopoulos (critique et ancien directeur du Thessaloniki Documentary Festival) et Sébastien Sorg (DOK.fest München).
Compétition officielle : dix films de toutes les couleurs
Pour la première fois cette année, une coproduction luxembourgeoise sera présentée en compétition officielle : Sunset Song (de Terence Davis), qui a déjà réalisé une belle carrière outre-manche.
Après une première mondiale au festival de Sundance, le film Wild (de l’actrice allemande Nicolette Krebitz) sera en compétition à Luxembourg. Un film choc qui met en scène une femme aux perversions marquées emboitant les pas d’un loup vers la vie sauvage.
De la comédie grinçante jusqu’au film art-house, la palette de films se veut très large cette année. Avec des œuvres largement récompensées, comme Land of Mine (de Martin Zandvliet), film sur de jeunes soldats allemands recrutés de force pour déminer les plages danoises après la guerre, du drame turc paranoïaque Frenzy (d’Emin Alper, prix spécial du jury à Venise) ou du scandinave The Here After (de Magnus von Horn), film sur la résilience qui se balade de festival en festival.
L’Amérique du Sud sera représentée par le Brésil et la Colombie avec Neon Bull (de Gabriel Mascaro) qui suit un adepte du rodéo, et Alias Maria (de José Luis Rugeles) qui met en scène une femme-soldat.
Puis direction les Pyrénées avec Couple in a Hole (de Tom Geens) : un simple trou dans lequel un couple britannique a pris refuge, suscitant interrogations et compassion auprès d’un habitant du village voisin. Dans la comédie Applesauce (d’Onur Tukel, USA), un couple reçoit à échéances régulières des membres humains découpés…
La sélection compte aussi le dernier Thomas Vinterberg, The Commune, qui se base sur l’expérience de vie du réalisateur dans une communauté des années 70.
Huit documentaires en compétition
Il y aura davantage de documentaires cette année, les organisateurs soulignant « une réelle affluence en propositions de qualité ». Nouveauté : il y aura deux productions luxembourgeoises. Eldorado (Rui Abreu, Thierry Besseling, Loic Tanson) s’intéresse à l’immigration portugaise à laquelle on a parfois vendu le Luxembourg comme un paradis du plein-emploi, la réalité étant moins idyllique.
Également produit au Grand-Duché et tourné au pied de la centrale de Tchernobyl, dans une zone en guerre, La Supplication (Voices of Chernobyl), de Pol Cruchten, s’appuie sur le roman de la Biélorusse Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature 2015.
Avec Where to invade next, Michael Moore se prête à un inventaire des initiatives européennes susceptibles d’améliorer la société américaine. Congés payés, alimentation dans les cantines scolaires, prisons ouvertes…
Comment reconstituer un fond cinématographique afghan après le passage des Talibans ? C’est la question à laquelle essaye de répondre A Flickering Truth (de Pietra Brettkelly), documentaire expliquant comment des cinéphiles ont réussi à sauver plus de 8000 heures de mémoire collective.
Autre terrain de dictature, le Russe Vitaly Mansky a réussi une prouesse : faire croire aux autorités nord-coréennes qu’il tournait un documentaire à la gloire du pays, tout en filmant les à-côtés de cette propagande savamment organisée (Under The Sun).
Dans Sonita (de Rokhsareh Ghaem Maghami), doublement récompensé tout récemment au Festival de Sundance, on voit une jeune afghane réfugiée en Iran et désirant plus que tout devenir une star de la musique..
Il fallut plusieurs années à Helena Třeštíková pour dresser le portrait de la Tchèque Mallory, une mère de famille s’efforçant de composer avec un passé de toxicomane.
Enfin, The Settlers, documentaire choc et très critique du réalisateur israélien Shimon Dotan sur la question des colons, fera directement le chemin du Festival de Sundance jusqu’à Luxembourg.
Séances spéciales : entre horreur et humour
La sélection officielle hors compétition fera notamment la part belle à l’horror-comedy. Tiré du roman parodique du même nom, Pride and Prejudice ans Zombies (de Burr Steers) s’inspire de l’œuvre de Jane Austen pour plonger dans cet univers foutraque fait de jarretelles, de passions et de ninjutsu.
Le « surprenant » Nina Forever (UK, de Ben et Chris Blaine) dans lequel un couple fraîchement formé se retrouve à composer avec l’ex-compagne, décédée dans un accident, qui se décide à réapparaître dans le lit conjugal à chacun de leurs ébats.
« Plus fou encore », The Lure (d’Agnieszka Smoczynska) sera « l’ovni de cette édition 2016 », selon les organisateurs. Cette comédie musicale polonaise qui vient d’obtenir un prix à Sundance met en scène deux jeunes sirènes recrutées par un cabaret dans les années 80.
Le festival a donné une carte blanche à Orange Luxembourg, qui a choisi le film Hurricane (Cyril Barbançon, Andy Byatt et Jacqueline Farmer), saisissant documentaire en 3D qui, grâce notamment au concours de la NASA, permet de suivre l’évolution d’un ouragan, de sa naissance jusqu’à ses épisodes les plus dévastateurs.
Autre carte blanche, celle donnée au Festival du film italien de Villerupt, avec La Prima Luce (de Vincenzo Marra). A bigger splash, adaptation de La Piscine de Jacques Deray, sera à découvrir en avant-première.
Très attendu par les fans de Tom Hiddleston, High Rise, thriller de science-fiction britannique coécrit et réalisé par Ben Wheatley, complète les séances spéciales, ainsi que la première européenne de About Ray (de Gaby Dellal, avec naomi Watts), l’histoire d’une adolescente voulant devenir un homme.
Le Luxembourg à l’affiche
Sans parler des trois films retenus en compétition, cette 6e édition sera riche en premières luxembourgeoises.
Le Chant des Hommes (coproduction Tarantula de Mary Jiménez et Bénédicte Liénard), film notamment salué aux festivals de Thessalonique et Marrakech, s’intéressera à la problématique migratoire via des événements à rapprocher de l’expulsion des sans-papiers de l’église Saint-Bernard (Paris).
Personne n’a oublié le passage d’Emma Watson au Luxembourg, vous aurez enfin la possibilité de découvrir le résultat de ce tournage via la première de Colonia (Florian Gallenberger). Une plongée-événement dans le Chili tourmenté du coup d’Etat de 1973 qui sera à découvrir en présence d’une partie du casting.
Pour la première fois, une coproduction luxembourgeoise s’est hissée en compétition officielle du festival de Sundance : Mammal (Rebecca Daly, coproduction Calach Films / Les Films Fauves), ou l’histoire d’une mère (Rachel Griffiths) ayant quitté le domicile familial qui se retrouve astreinte à s’occuper d’un enfant de l’âge du fils qu’elle a abandonné.
Peter & Wendy profitera d’une traduction luxembourgeoise réalisée par Juliette Films (coproducteur) pour trouver son chemin jusqu’en salle. Un impayable Stanley Tucci en Capitaine Crochet porte cette transposition de l’œuvre de J. M. Barrie dans l’univers de l’enfance en milieu hospitalier.
Invité comme photographe de plateau sur le film de Joachim Lafosse, Les Chevaliers Blancs, le photographe Fabrizio Maltese en a profité pour réaliser un documentaire, 50 Days in the Desert, décortiquant la mécanique humaine propre à ce genre de réalisation.
Une soirée courts-métrages (lundi 29 février) montrera six films « qui ont réussi à s’extraire d’un nombre impressionnant de soumissions » : Quenottes (de Pascal Thiebaux et Gil Pinheiro), Long Lost (de Nadia Masri), Everything was as always (de Max Jacoby), Casting a woman (de Caroline Kox), Summer Leaves (de Diana Nilles) et Tout est calme (de Marylène Andrin-Grotz).
Hors les murs : Jean Asselborn inside aux Rotondes
Aux Rotondes : La scène politique ne parle que de cela depuis quelque temps : Foreign Affairs (de Pasha Rafiy, les Films Fauves), un documentaire réalisé au plus près du ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn, sera à voir aux Rotondes le 26 février (18h30) et le 3 mars (18h, avec une table ronde) et sera complétée par une expo photos.
Au Musée d’histoire naturelle : Candidat sérieux aux Oscars, primé au festival de Sundance le week-end dernier, Embrace oh the Serpent (de Ciro Guerra) s’appuie sur les journaux de l’ethnologue et explorateur allemand Theodor Koch-Grünberg.
Au Mudam : le 20 février prochain, le MUDAM dévoilera l’exposition consacrée à l’artiste et cinéaste indonésienne Fiona Tan dont le film, History’s Future, vient d’être présenté en compétition officielle à Rotterdam. Cette histoire d’un homme ayant perdu la mémoire et s’engageant dans un long voyage fera sa première Internationale à Luxembourg, en présence de l’artiste et de l’équipe du MUDAM.
Au Casino Luxembourg : Feed Me, film déjanté avec l’artiste écossaise Rachel MacLean.
À Neimënster : Mission Rape – A Tool of War, un documentaire danois qui a pour toile de fond la guerre des Balkans durant laquelle entre 25.000 et 40.000 femmes furent violées. Projection-débat en présence des réalisatrices et d’invités internationaux.
Le Quotidien
Infos www.luxfilmfest.lu