« Vivre ou écrire » rend compte de la vie et l’œuvre de l’écrivain russe du Goulag Varlam Chalamov.
L’écrivain russe Varlam Chalamov a passé 17 ans au Goulag. (Photo : AFP)
Avec « Vivre ou écrire », l’Institut Pierre-Werner fait venir au Luxembourg une remarquable exposition de la Literaturhaus de Berlin. Présentée du 6 février au 15 mars, à l’abbaye de Neumünster, l’exposition illustre la vie et l’œuvre du chroniqueur du Goulag Varlam Chalamov. À l’occasion du vernissage, jeudi prochain, à 19h, le commissaire de l’exposition, Wilfried F. Schoeller, tiendra une conférence.
Basée sur un important travail de mémoire, cette exposition met en exergue les expériences des camps de Varlam Chalamov (1907-1982). Elle plonge dans les textes littéraires de l’écrivain russe, véritables témoignages du système concentrationnaire soviétique du Goulag.
Dix-sept années de la vie de Varlam Chalamov se sont en effet écoulées au Goulag, et plus précisément en Kolyma. Cette région a été, pendant la période stalinienne, exploitée par des millions de travailleurs forcés dont Chalamov, devenant un ensemble industriel et concentrationnaire qui était réputé comme le plus terrible du Goulag.
L’exploitation minière intensive et l’industrialisation de ce vaste territoire allaient prendre la vie de millions de prisonniers : par l’épuisement, les maladies et les exécutions sommaires.
Chalamov en dresse un tableau terrifiant dans ses célèbres Récit de la Kolyma. La double portée de cette œuvre est politique et littéraire : le devoir de témoigner du camp et la difficulté de traduire dans la langue des hommes libres une expérience vécue dans une langue de détenu.
L’exposition est fournie de nombreuses illustrations, de photographies, de documents et de films, et assortie de plusieurs objets historiques ainsi que d’autres œuvres contemporaines russes. Elle est, en quelque sorte, un musée temporaire, celui d’un témoignage, d’un acte de dissidence et d’une « gifle contre le stalinisme » portée par Chalamov.
L’exposition ne prétend aucunement s’inscrire dans la grande querelle historiographique allemande, en prenant position sur la place à accorder, dans l’histoire allemande, à la Shoah et à son importance relative au regard des crimes commis en Union soviétique. Plus modestement, elle entend restituer dans le présent la vie et l’œuvre de Varlam Chalamov.
Le génocide des juifs appelle à un devoir de mémoire collective. Il incarne à lui seul la barbarie humaine et en faire la référence de mise en garde morale est devenu pratique courante. Les expériences du Goulag et la littérature qui en est née demeurent cependant largement méconnues. L’exposition relève d’une volonté légitime de remise en mémoire.
Le Quotidien
Tous les jours du 6 février au 15 mars, de 11h à 18h à l’abbaye de Neumünster (caves voûtées). Entrée libre.