Le chef de l’Etat devrait procéder dans les prochaines semaines à un remaniement gouvernemental, ne serait-ce que pour remplacer la ministre du Logement, Sylvia Pinel, et peut-être le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. Mais ses contours demeurent incertains.
* UN REMANIEMENT, MAIS DE QUELLE AMPLEUR ?
Le Parti radical de gauche l’avait fait savoir fin décembre, Sylvia Pinel, élue première vice-présidente du conseil régional Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, devrait quitter le gouvernement fin janvier.
Il faudra aussi trouver une ou un successeur à Jean-Louis Debré, dont le mandat s’achève début mars à la tête du Conseil constitutionnel. Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a le profil pour le remplacer. Selon une source gouvernementale haut placée, le président pourrait faire connaître son choix entre les 15 et 20 février.
Mais cette source note qu’il semble «difficile» que M. Fabius cumule cette fonction avec celle de président de la COP21, qu’il conservera jusqu’à l’automne.
Au-delà de ces deux noms, nombreux sont ceux qui souhaitent, comme le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, que le remaniement débouche sur «un gouvernement de large rassemblement», qu’il permette «d’élargir la majorité» en vue de 2017 (Bruno Le Roux).
Un proche de Martine Aubry affirme toutefois avoir l’impression que le remaniement se limitera «au remplacement de deux ministres, c’est technique». «Moi, je n’ai pas senti que ce débat (autour de l’élargissement, NDLR) était aussi prégnant que lors des précédents épisodes», confirme un autre.
Des voix s’élèvent par ailleurs au gouvernement ou au Parlement pour suggérer le départ des ministres «fatigués», ceux qui ont leur portefeuille «depuis le début du quinquennat». Des têtes nouvelles pourraient ainsi entrer au gouvernement sans que cela ne signifie un changement de ses équilibres politiques.
* UNE ENTREE OU PAS DES ECOLOGISTES ?
Dans l’hypothèse d’un «large» remaniement, se pose à nouveau la question d’une entrée des écologistes au gouvernement, comme déjà au printemps et à la rentrée 2015. Et si la réponse est oui, lesquels?
Une partie des responsables d’Europe Ecologie-Les Verts – François de Rugy, Jean-Vincent Placé, Barbara Pompili – ont en effet choisi de quitter le parti en août-septembre 2015, en dénonçant la «dérive gauchiste» de leur formation.
Mardi, le député Denis Baupin, toujours membre d’EELV mais dans la mouvance dite réformatrice, a plaidé pour le retour des écologistes au gouvernement, assorti d’un accord sur «une feuille de route». Idem pour Mme Pompili, qui précise qu’elle verrait bien un écologiste à la tête du ministère des Transports.
Proche du Premier ministre Manuel Valls, le sénateur PS Luc Carvounas a affirmé à l’AFP qu’il «applaudirait» si la secrétaire nationale d’EELV, Emmanuelle Cosse, entrait au gouvernement. La voie semble pourtant étroite. M. Carvounas le souligne, cette entrée ne doit pas donner le sentiment d’un «débauchage individuel». En même temps, le Premier ministre n’entend pas «déroger de sa ligne», a-t-il rappelé.
Pour le numéro 2 d’EELV, David Cormand, une entrée du parti ne peut se faire «sur la ligne politique de Manuel Valls».
* LES ENTRANTS, LES SORTANTS. Qui donc pour remplacer Sylvia Pinel au Logement ?
Selon plusieurs sources, le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, Patrick Kanner (PS), souhaiterait récupérer le dossier de sa collègue. Une option vue d’un bon oeil par le secrétaire d’Etat aux Sports, Thierry Braillard (PRG), actuellement en concurrence avec son ministre de tutelle sur ses dossiers.
Le président du PRG, Jean-Michel Baylet, pourrait faire son entrée dans l’équipe gouvernementale. «Si l’une (Pinel, NDLR) sort, l’autre rentre», souligne un ténor de la majorité. Selon de nombreux observateurs, le Premier ministre et les ministres «régaliens» (Jean-Yves Le Drian, Bernard Cazeneuve, Christiane Taubira) ne devraient pas bouger, alors que plane toujours la menace terroriste.
Les noms de l’ancienne ministre, Elisabeth Guigou, du ministre des Finances, Michel Sapin, et du secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur, Matthias Fekl, ont circulé pour succéder à M. Fabius. Le populaire ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, dont Le Parisien a évoqué le départ, a réaffirmé mercredi son souhait de rester au gouvernement.
AFP/M.R.