Vincent Dias Dos Santos fut l’un des acteurs majeurs de la saison. À 25 ans, il part à la conquête de son premier maillot, ce dimanche 10 janvier, lors du championnat national de cyclo-cross à Hesperange.
«J’ai réfléchi à deux types de scénario que je ne dévoilerai pas. Mais je sais que ce sera très serré», confesse Vincent Dias Dios Santos, jusqu’ici meilleur des coureurs luxembourgeois cette saison.
Le Quotidien : Vous disiez en début de saison ne pas vouloir focaliser votre attention sur les championnats nationaux, or nous y arrivons…
Vincent Dias Dos Santos : C’est vrai que j’ai préféré donner tout ce que j’avais dans le ventre durant la saison. Je sais que le championnat revêt une importance particulière, ici au Luxembourg. Avec le titre, tu prends le maillot et tu représentes le pays. Dimanche, il y aura trois favoris et deux outsiders, on verra…
Mais cette année, vous avez fait justement le choix de couper deux semaines pour arriver plus frais à ce premier rendez-vous…
Avec le temps, j’ai plus d’expérience. Les saisons dernières, je coinçais toujours vers la mi-décembre, donc j’ai corrigé le tir. Là, j’arrive bien pour le championnat. Est-ce que je serai à 100 % dimanche? C’est dur à dire. Mais je remarque que je suis devenu constant. Dimanche dernier, lors de la répétition, il me manquait juste la « giclette ». Je reconnais que je n’avais pas envie de tout donner, je n’avais pas envie de forcer à une semaine du championnat. Cela ne m’aurait rien apporté de plus de finir devant.
Pourquoi, jusqu’ici, ce rendez-vous vous a-t-il fait peur?
J’étais un outsider et je me mettais la pression pour rien du tout. Là, je sais que je suis frais, bien dans ma tête. Je ne veux plus me prendre la tête avec ça. Un titre de champion, ça ne changera rien à ma vie. Tout le monde dit du championnat que c’est la course de l’année, mais moi, je ne suis pas d’accord avec ça. Pendant la saison, tu roules une vingtaine de courses et la saison ne se résume pas au championnat. Si un outsider remportait le titre et était ridicule dans les manches de Coupe du monde avec le maillot sur le dos, je ne trouverais pas ça bien. Mais c’est le championnat…
Un championnat avec beaucoup de public. Cela vous influence-t-il?
J’ai quelquefois réalisé de bonnes manches de Coupe du monde avec beaucoup de public, et de moins bonnes avec le même public. C’est vrai que dimanche, il y a un enjeu, avec le maillot de champion. J’espère que je bataillerai devant et que je serai dans un bon jour. C’est tout.
On imagine que ça risque d’être tendu en tête de course, non?
Il peut y avoir un peu de provocation, l’aspect tactique étant important. Moi, de toute façon c’est clair, si on me dit bleu, je fais rouge. Je n’ai pas d’ordre à recevoir de mes adversaires. Si on veut me pousser dans un sens, alors, je prends le sens inverse. D’autres coureurs ont plus d’expérience que moi. Christian Helmig est calme, il ne fait pas de bruit et n’a pas l’air arrogant. Il tire le cyclisme vers le haut.
Dimanche, le départ sera-t-il capital?
Pas tant que ça, car nous ne serons qu’une trentaine de coureurs au départ. Ce n’est pas énorme. Je pense que tout le monde a assez de « giclette » pour remonter dans le premier tour. Je ne vois là aucun danger. Et la course dure une heure. Ça laisse du temps.
Avez-vous un scénario en tête?
Oui, je gagne avec deux minutes d’avance (il rit) . J’ai réfléchi à deux types de scénario que je ne dévoilerai pas. Moi, je suis calme. Mais je sais que ce sera très serré. Je sais, pour les connaître, comment mes adversaires peuvent réagir.
Comment?
Je pense que Christian Helmig voudra tout de suite frapper fort. Dimanche, dans le deuxième tour, il a attaqué, juste pour nous tester dans la principale difficulté. Gusty Bausch, on le connaît bien, c’est un futé, il très malin, et il est toujours au championnat. Il est technique, endurant. Lui aussi sera là. J’ai remarqué que dans beaucoup de courses, il revient en tête de course au rythme. Massimo Morabito comme Pit Schlechter peuvent frapper un grand coup. Après, il faut voir quel rôle dans la course peut prendre Luc Turchi, qui étant espoir et le favori de sa catégorie, n’a pas besoin de se donner une heure. Une fois son titre assuré, je le vois bien céder un peu de terrain.
Vous allez attaquer?
Il le faudra, oui. Il faudra aussi que mes adversaires parviennent à me lâcher et j’espère qu’ils ne me lâcheront pas comme ça. Ça promet un bon spectacle. En fait avec ce championnat, on est un peu comme des marionnettes…
Denis Bastien