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Vélib’, scooters, arme… les trouvailles au fond du canal Saint-Martin


Entre deux photos aux abords du canal, les passants s'amusent à repérer les objets les plus insolites. (photo AFP)

En face de l’immense tag « Fluctuat nec mergitur » qui orne le quai de Valmy, à Paris, le canal Saint-Martin, quasiment vide pour cause de nettoyage, découvre carcasses de Vélib’, de scooters, une arme de poing, et donne libre cours aux rumeurs.

« On se croirait en Bretagne à marée basse! », plaisante Antoine, 25 ans, perché sur la passerelle Bichat, qui enjambe le canal et qui offre une vue imprenable sur les opérations de mise à sec. « On a même vu une anguille », s’exclame-t-il. « A vrai dire, on ne sait pas vraiment si c’était une anguille ou un pneu de vélo », nuance son père, pêcheur averti.

FRANCE-WATERWAYS-CANAL-MAINTENANCEÀ mesure que les 90 000 mètres cubes d’eau se vident lentement vers le port de l’Arsenal, puis la Seine, les riverains se pressent toujours plus nombreux depuis mardi matin, pour découvrir au fond du canal des tonnes de déchets en tous genres, parmi les milliers de canettes et de bouteilles qui constellent la vase.

« On retrouve à chaque fois les mêmes choses, avec des petites évolutions », sourit Jean-Marc, retraité de 63 ans, « la dernière vidange date de 2001, il n’y avait pas de Vélib’ à l’époque ». Désormais, les vélos de la mairie de Paris se retrouvent par grappes entières, encrassés de boue au pied des écluses. « J’ai vu une grosse cylindrée un peu plus haut, un modèle récent, mais ça c’est sûrement une fraude à l’assurance », soupçonne-t-il.

« Notre barrière de corail à nous »

Quelques mètres plus loin, un ouvrier s’étonne de la présence d’un engin de compactage du béton, entre un scooter et une valise fossilisée dans la vase.

Entre deux photos aux abords du canal, les passants s’amusent à repérer les objets les plus insolites, et depuis qu’une arme de poing a été repêchée lundi au niveau de l’écluse Jaurès, répandent parfois la rumeur qu’on y aurait retrouvé un corps sans vie. A ce jour, les ouvriers n’ont pourtant exhumé que des cadavres de bouteilles.

« Entre nous il faudrait être sacrément idiot pour aller planquer son mort au fond d’un canal qu’on ratisse tous les 15 ans », tonne Daniel, retraité, installé au bar l’Atmosphère, au bord du canal. Julien Gaidot, qui dirige le chantier, ne croit guère à la découverte de cadavres, même s’il y a des noyés « plusieurs fois par an ». Les corps sont « repêchés par la police », précise-t-il.

Plus loin, vers le bassin de la Villette, Christophe se demande si ces amas de bicyclettes boueuses ne sont pas « symptomatiques de quelque chose ». « Tous ces Vélib’ et ces scooters dans le canal, ça en dit long sur la fraude en France », estime-t-il, « ces déchets dans le canal c’est aussi un peu un miroir de notre société. C’est notre barrière de corail à nous ».

 

AFP

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