Le compositeur et chef d’orchestre français Pierre Boulez, 90 ans, figure majeure de la musique contemporaine, est décédé mardi soir à Baden-Baden, en Allemagne, où il résidait.
« Pour tous ceux qui l’ont côtoyé et qui ont pu apprécier son énergie créatrice, son exigence artistique, sa disponibilité et sa générosité, sa présence restera vive et intense », annonce la famille dans un communiqué diffusé par la Philharmonie de Paris, dont il était l’initiateur.
Pierre Boulez, connu et joué dans le monde entier, est considéré comme l’une des personnalités les plus influentes du monde musical, notamment contemporain, depuis les années 1950. Ce théoricien et pédagogue d’une grande clarté a défendu sans relâche la place de la musique nouvelle dans les programmes de concerts et encouragé la création musicale la plus exigeante. Chef recherché des deux côtés de l’Atlantique, il a dirigé à des titres différents, et toujours sans baguette, l’Orchestre de Cleveland (1967-1972), le Symphonique de la BBC (1971-1975) et le Philharmonique de New York (1971-1977).
Plus rare à l’opéra que dans le répertoire symphonique, Pierre Boulez a toutefois participé à de mémorables productions, comme le Ring du centenaire du Festival Wagner de Bayreuth (1976-1980) et la première mondiale de la version intégrale de Lulu de Berg au Palais Garnier à Paris (1979).
Exaspéré par l’attitude conservatrice du monde musical français, il s’était exilé à Baden-Baden à l’aube des années 1960. Il n’était revenu en France qu’en 1974, lorsque le président d’alors Georges Pompidou lui avait demandé de fonder l’Ircam (Institut de recherche et de coordination acoustique/musique) et l’Ensemble intercontemporain. Cet inlassable bâtisseur d’institutions a également été à l’origine de la Cité de la musique (inaugurée en 1995) et de la Philharmonie de Paris, ouverte en janvier 2015 sans lui, alors qu’il était déjà malade.