Si l’envie nous prenait, en ce début d’année, d’écouter les oiseaux de mauvais augure, les spécialistes prédicateurs de la chute des civilisations, les Nostradamus de la fin des temps, il serait presque vain de prendre le risque de s’adresser des vœux. Rien ne sert à rien, aiment-ils à déclarer, en décryptant la folie du monde.
Ce serait oublier que tourner les pages des calendriers n’est pas le signe d’un bouleversement métaphysique instantané, d’une inversion de la tectonique des plaques. Ces premiers jours de 2016 sont à l’image des derniers de 2015, entre espoirs et inquiétudes, entre doutes et certitudes. Le monde est déjà allé mieux, à ce qu’on dit, il pourrait aller mieux, certainement. Il est ce que l’homme en fait. Un monstrueux champ de bataille ou un merveilleux théâtre d’amour.
En Europe ou au Moyen-Orient, difficile de croire que les va-t-en-guerre occuperont encore le devant de la scène. Le dégoût croissant des peuples du monde face à des horreurs toujours plus médiatisées finira bien par brouiller les messages de propagande des extrémistes de tous crins.
En 2016, nous continuerons de trembler car la peur a gagné du terrain. Mais nous continuerons aussi de vibrer, lorsque l’Euro de football débutera à Paris, lorsque la flamme olympique s’allumera à Rio ou lorsque les Américains se rendront aux urnes pour élire le successeur de Barack Obama.
Auront-ils le courage de confier leur pays à une femme démocrate ou succomberont-ils aux délires mégalomanes d’un républicain échevelé ? Nous le saurons au mois de novembre. Presque 2017, déjà. Comme quoi, ce temps est si peu de chose.
En 2016, le monde restera une matière vivante passionnante. Et nous serons là pour vous rapporter son mouvement, pour en commenter les soubresauts. Car ce monde mérite toute notre attention pour tenter d’en comprendre les hoquets et les éruptions. Pour accepter de vivre avec ce monstre magnifique.
Bonne année!
Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)