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Les crémants luxembourgeois sur leur 31


En 2014, les vignerons luxembourgeois ont produit près de 3 millions de bouteilles de crémant. (illustration Editpress)

S’il est un vin de fêtes par excellence, le crémant a également su trouver sa place tout au long de l’année. Preuve en est son ascension spectaculaire au Grand-Duché.

Fort d’une implantation idéale, le vignoble grand-ducal s’est pris de passion pour les bulles. Être situé au nord de l’Europe viticole (gage d’une certaine acidité, indispensable colonne vertébrale des vins effervescents), avec des coteaux idéalement orientés du sud-ouest au sud-est et des vignes plantées sur des sols marneux ou calcaires sont autant d’atouts pour une belle prise de mousse. L’ensoleillement de la vallée et le savoir-faire des vignerons font le reste !

Créée en 1991, l’appellation «Crémant du Luxembourg» garantit une production de qualité en balisant strictement toutes les étapes de la vinification. Le succès de cette politique visant à promouvoir la fabrication de bulles de qualité se juge à plusieurs niveaux. Sur le plan national, les chiffres montrent que les consommateurs ont adoubé les bouteilles à muselets. En 1991, la première année de production officielle du crémant avait engendré la sortie de 227 850 flacons. Pour l’an 2000, date festive par excellence, la barre des 1,3 million de bouteilles étaient franchie. En 2014, les vignerons mosellans ont produit 2 922 950 bouteilles de crémant ! La progression est spectaculaire.

Aujourd’hui, pratiquement tous les vignerons conçoivent au moins une cuvée de bulles et la part de cette production ne cesse de se développer. Ils ont aujourd’hui coutume de dire qu’il n’y a pratiquement aucune commande sans bulles.

Si la consommation du crémant est aujourd’hui solidement ancrée sur le territoire national, il ne lui reste donc plus qu’à conquérir l’étranger. Mais là, c’est une autre paire de manches… La taille du vignoble – 1 300 hectares, c’est peu – et la parcellisation de la production – 340 exploitations, c’est beaucoup – ne permettront jamais une production de masse qui inonderait les marchés alentours.

Si, on l’a vu, le Grand-Duché produit un peu moins de 3 millions de bouteilles, l’Italie produit 312 millions de cols de prosecco. La comparaison vaut ce qu’elle vaut, mais elle a le mérite d’illustrer que le Luxembourg ne pourra jamais jouer dans la même catégorie. Si la quantité n’est pas une option, il n’y a d’autre choix que de viser la qualité. Cela, le pays – tant l’État que les vignerons – l’a bien compris. L’obligation de suivre un cahier des charges exigeant, encore plus sévère que celui normant la production française, est un garde-fou essentiel. Les producteurs, globalement, se sont pris au jeu. Certains crémants tutoient réellement les sommets.

Hachette, Bourgogne… même la France s’y met

Le rapport d’activité du ministère de l’Agriculture publié en 2014 précise que sur la campagne 2013/2014, 6 000 hectolitres de vins mousseux et de crémants ont été exportés vers l’étranger, ce qui constitue une stagnation. Quant à savoir si cette stabilisation est une bonne ou une nouvelle nouvelle, cela dépend du point de vue que l’on prend. Après tout, puisque les vignerons vendent leurs vins sans trop de problèmes, il est logique que l’export ne se développe pas davantage, faute de bouteilles à expédier. Il n’empêche que tous aimeraient se faire connaître davantage au-delà des frontières. Si, faute de volume, il n’est pas question d’attaquer les plus gros marchés (Chine, États-Unis…), s’implanter davantage en Grande Région est une ambition logique.

Bernard-Massard, Vinsmoselle ou même les plus gros vignerons indépendants visent également les marchés de niche dans des pays où le rapport qualité-prix des crémants luxembourgeois peut lui permettre d’être un concurrent au très cher champagne. Les pays scandinaves ou le Québec, où la vente d’alcool est un monopole d’État, sont alors privilégiés.

Ces ambitions d’internationaliser la clientèle sont légitimes et portées par une reconnaissance croissante. Depuis 1999, LeGuide Hachette des vins a ouvert ses pages au vignoble national. Avec ses 100 000 exemplaires vendus chaque année, c’est évidemment une vitrine privilégiée.

Dans son dernier numéro (novembre-décembre) le magazine du vin Bourgogne Aujourd’hui a sorti un supplément «Crémants» dans lequel on trouve une page complète avec des notes de dégustation des crémants luxembourgeois, autant que les bulles venues de Loire. Les bulles du Jura ou de Bordeaux en ont autant. Un encadré pointe même l’excellent travail du domaine Pundel-Hoffeld. Et si la reconnaissance internationale, largement méritée, était à portée de vue ?

Erwan Nonet