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L’entretien du mercredi – Dan Ley : « Le premier pas, je l’ai fait »


Dan Ley, ex-pro passé par Nancy et Dijon, évoque ses débuts en tant que préparateur physique. Le point de départ d’une éventuelle reconversion ? Possible.

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Pour ses 33 ans (il les fêtera le 1er juillet prochain), Dan Ley aimerait bien réaliser le doublé Coupe-championnat aux dépens d’Esch. (Photo : Tageblatt)

> Jeudi 22 janvier, la fédération luxembourgeoise a officialisé votre nomination en tant que préparateur physique du cadre jeunes en remplacement de Jean-Pierre Carpentier. Comment cela s’est-il fait ?

Dan Ley : « JP » va aller à la fédération d’athlétisme et on m’a demandé si j’étais intéressé pour prendre le relais, j’ai dit oui, puisque l’année dernière j’ai passé les cours de préparateur physique à l’INS. Ça m’intéressait de m’occuper des jeunes du cadre fédéral où le niveau est plus élevé.

> Vous êtes donc retourné sur les bancs de l’école…

Oui. Les cours étaient dispensés par l’Eneps. Je me suis tapé les week-ends pour suivre les cours de préparateur physique. Il ne me reste plus que le dossier à finir. Il y avait beaucoup de matière : biologie du sport, physiologie du sport, physiologie de l’effort, la planification…

> Y avait-il d’autres sportifs avec vous ?

On était un groupe de 18 dans lequel figuraient Thierry Hensen et Pascal Schuster.

> Une coïncidence ?

En naviguant sur le site du ministère des Sports, je suis tombé sur cette formation. Mais je n’avais pas forcément envie d’y aller seul alors je leur en ai parlé et on l’a fait ensemble. Ça commençait le vendredi soir, et ça se poursuivait le samedi et le dimanche matin.

> Les cours en eux-mêmes étaient-ils difficiles ?

Au début, il a fallu se familiariser avec le vocabulaire. En plus, le programme venait du Canada et les cours étaient donc rédigés en français canadien… Là aussi, il y avait tout un vocabulaire.

> Pourquoi un programme canadien ?

Les Canadiens ont mis en place le LTAD (développement de l’athlète à long terme). Un programme qui répertorie, selon la catégorie d’âge, différentes méthodes de préparation. Et ce, dès 6 ans.

> Dès 6 ans ?

À cet âge-là, tu travailles surtout la motricité et la coordination. L’aérobie aussi mais par le biais du jeu. Pas en lui faisant des tours de piste.

> Votre passage à Dijon, qui travaillait en collaboration avec le centre d’expertise de la performance Gilles Cometti, explique-t-il votre goût pour la préparation physique ?

En France, c’est l’une des grandes écoles de la préparation physique. Le travail qui y est effectué se veut scientifique et s’appuie une base de données conséquente obtenue grâce à l’utilisation d’appareils spécifiques.

> Quand avez-vous dirigé votre première séance ?

Hier (lundi). Ça s’est très bien passé. Ils sont attentifs et ont envie de bosser. En handball, pour être performant, tu te dois d’être au top physiquement. Aujourd’hui, au top niveau mondial, les gars prennent 150 kg en développé-couché et courent le 100 m en 11″8. Ce sont de vrais athlètes !

> Vos journées doivent être bien remplies…

C’est sûr, quand tu quittes la maison à 6h30 et que tu rentres à 21h, c’est long. Mais tant que j’éprouve du plaisir, je le fais sans trop réfléchir. Pour l’instant, je n’ai que deux séances par semaine. C’est agréable.

> Cette activité de préparateur physique peut-elle être une reconversion ?

Le travail d’un préparateur physique ne peut pas se juger sur le court terme. Je pourrais m’imaginer me mettre un peu plus là-dedans. D’après ce que j’ai compris, la fédération a un projet. Après, tout ça, c’est encore une utopie. Jean-Pierre (Carpentier) travaillait en tant que free-lance, ce qui est également mon cas actuellement. Pour l’instant, je n’ai que les U17. Ça va peut-être se développer par la suite. Le premier pas, je l’ai fait…

> À 32 ans, et vu vos nouvelles fonctions, est-ce que cette saison peut être la dernière en tant que joueur ?

(Rires) Ça fait trois ans que je me pose cette question… À mon âge, le corps a de plus en plus de mal à se déplier le matin. Pour l’instant, ça ne se passe pas trop mal, je me sens encore assez à l’aise pour jouer. En fin de saison, je prendrai ma décision.

> Dans votre esprit, celle-ci n’est pas encore prise ?

Je vais être franc : parfois je me dis « mais oui, c’est bon, continue » et à d’autres moments, c’est plutôt « mais p… tu es trop vieux pour ces conneries ! » Quand t’es levé depuis 6h, qu’à 21h30, tu t’en prends une bonne dans la gueule, ça ne fait pas plaisir.

> À l’entraînement, vos équipiers ne vous épargnent pas un peu ?

Le hand, c’est un sport de combat. Tu vas au charbon, tu te prends un coup, tu le rends… C’est le jeu.

> Vous avez toujours aimé ça…

Bien sûr, ça fait partie du charme du handball. Après, si tu n’aimes pas ça, tu ne peux pas prétendre atteindre un certain niveau.

> Quelle serait la raison principale qui vous pousserait à à arrêter ?

Une grosse blessure. Je ne me vois plus travailler comme un malade chez le kiné pendant six mois pour revenir. Les petits bobos, ça peut arriver à tout le monde.

> Votre blessure la plus grave date de votre passage à Dijon. Vous vous étiez même rendu dans la clinique de Hans-Wilhelm Müller-Wohlfahrt (NDLR : médecin de l’équipe d’Allemagne de football depuis 1995 et du Bayern Munich depuis 40 ans)…

Oui. Je souffrais d’une lombalgie assez grave. Aujourd’hui, j’ai parfois des petites douleurs mais rien de comparable.

> Vous arrive-t-il de fouiller dans vos souvenirs et de regarder votre carrière avec un certain recul ?

Si tu ne te poses pas de questions sur les décisions que tu as prises, tu risques de répéter toujours les mêmes conneries. C’est bien de réfléchir sur son passé.

> Et en vous retournant, que voyez-vous ?

Une carrière de joueur correcte. Avec le recul, j’aurais peut-être dû partir de Nancy une saison plus tôt pour chercher un autre challenge. Après, le fait d’être resté m’a permis de signer à Dijon avec qui j’ai découvert la LNH.

> Et le vrai-faux départ au Paris SG ?

C’est dommage que ça ne se soit pas fait.

> Thierry Anti, l’entraîneur du PSG de l’époque, avait confirmé votre venue. Avez-vous eu le fin mot de l’histoire ?

Non. Je ne sais pas.

> Martin Muller a pris la direction de Nancy l’été dernier. Vous le suivez ?

Oui. Je suis vraiment content car Martin est en train de passer un cap. Il a son temps de jeu et a de grosses statistiques. Malheureusement, je n’ai pas encore eu l’occasion d’aller le voir. Mais j’espère y aller très bientôt. Ça me permettra de voir aussi les membres d’un club pour lequel j’ai tout donné pendant cinq ans.

> Vous disiez qu’une « grosse blessure » vous inciterait à arrêter votre carrière. Et un doublé Coupe-championnat que vous n’avez jamais réalisé avec Dudelange ?

Ce serait cohérent… Ce n’est pas forcément sur un titre que je souhaiterais m’arrêter, même si ce serait bien de choper quelque chose cette année, mais il faut voir aussi ce qui se passe en coulisse. Prendre en compte l’avenir du club, etc. Pour l’instant, c’est encore un peu tôt pour en parler.

> Au club, il se disait que vous pourriez prendre à moyen terme une autre fonction…

Je suis très attaché au club et le jour où je raccrocherai, je me vois mal quitter le HBD. Mais on parlera de ça au moment venu.

> Vous êtes le parrain de Liam Schuster, fils de Pascal, l’entraîneur d’Esch…

Pascal n’a pas de frère et m’a choisi pour être le parrain. Ça m’a vraiment touché, d’autant qu’on est très proches. Bon, un peu moins cette semaine… C’est que samedi on va à Esch et c’est l’occasion de revenir avant le début du play-off.

De notre journaliste Charles Michel