A peine dévoilé, le gouvernement anti-austérité du nouveau Premier ministre Alexis Tsipras devait énoncer dès mercredi sa stratégie pour renégocier l’énorme dette grecque, au cours de son premier conseil des ministres.
Le très médiatique nouveau responsable des Finances Yanis Varoufakis, critique virulent des politiques d’austérité, aura besoin de toute sa force de persuasion pour aller renégocier la dette à Bruxelles. (Photos : AFP)
« Les renégociations ont presque commencé, on n’a qu’à se retrousser les manches et commencer à travailler », a lancé aux journalistes Yanis Varoufakis, qui s’était entretenu lundi soir avec le patron de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem. Celui-ci doit faire le déplacement à Athènes vendredi pour rencontrer le Premier ministre.
Mais après les salutations d’usage, les sujets de confrontation ne manqueront pas : l’UE a fixé à la Grèce la limite de fin février pour accomplir certaines réformes nécessaires au déblocage d’environ sept milliards d’euros d’aide, et Alexis Tsipras a déjà fait comprendre que ce genre d’ultimatum n’était pas à son goût.
Dès mardi soir, un membre de la Banque centrale allemande, Joachim Nagel, a mis en garde le nouveau gouvernement grec contre un arrêt de ce programme d’aides européennes. Il aurait « des conséquences fatales » sur le système bancaire grec, a-t-il averti dans le quotidien économique allemand Handelsblatt à paraître mercredi. « Les banques grecques perdraient alors leur accès à l’argent de la Banque centrale », a insisté Joachim Nagel, au risque de créer une inquiétude dangereuse.
De son côté, le commissaire européen aux affaires économiques et financières, le Français Pierre Moscovici, a exclu toute « rupture » entre la Commission européenne et les nouvelles autorités grecques, dans un entretien mercredi au quotidien Le Parisien/Aujourd’hui en France.
Doté d’un parcours original dans la classe politique grecque, Yanis Varoufakis est un professeur d’économie, âgé de 53 ans, farouche partisan de la réduction de la dette publique et de la « fin des mesures d’austérité ». L’équipe chargée de la renégociation de la dette sera supervisée par le vice-Premier ministre Ioannis Dragasakis, un économiste modéré et cadre du Syriza, parti de la gauche radicale, selon des informations proches du ministre.
> « Tout est ouvert »
Deuxième poids lourd du nouveau gouvernement, l’économiste Georges Stathakis, 61 ans, enseignant à l’université de Crète, sera chargé du super-ministère de l’Economie, des Infrastructures, de la Marine marchande et du Tourisme. Au ministère des Affaires étrangères, Alexis Tsipras a nommé Nikos Kotzias, professeur de théorie politique et ex-conseiller diplomatique.
Il sera secondé par le ministre adjoint aux relations économiques, Euclides Tsakalotos, professeur de finances à l’université d’Athènes, qui fera probablement aussi partie de l’équipe de négociation de la dette. Interrogé par les médias sur la décote de la dette espérée par Athènes, Euclides Tsakalotos a estimé que « tout était ouvert ». « C’est à l’Europe de décider si elle est une Europe démocratique (…) et une Europe démocratique a besoin d’écouter le peuple quand il parle, et le peuple a parlé », a-t-il dit.
La réduction du fardeau de la dette grecque, qui représente 175% du PIB, soit environ 316 milliards d’euros, est au coeur du programme économique et politique du parti Syriza d’Alexis Tsipras.
Mardi, après un long silence, la chancelière allemande Angela Merkel a consenti à féliciter Alexis Tsipras pour sa victoire, lui souhaitant « force et succès ».
AFP
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