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Théâtre : l’hilarant Pourceaugnac sera à Luxembourg en 2016


Le spectacle sera joué au Grand Théâtre en mai 2016. (photo Brigitte Enguerand)

Les Arts florissants et le metteur en scène Clément Hervieu-Léger, de la Comédie française, présentent à Caen « Monsieur de Pourceaugnac », une comédie-ballet pétillante de Molière et Lully où l’on rit pour ne pas pleurer des malheurs d’un « gentilhomme limousin » en exil à Paris. Un spectacle à voir au Grand Théâtre de Luxembourg, les 25, 26 et 27 mai 2016.

Le spectacle, qui tournera en 2016 en France et en Europe, raconte l’histoire d’un provincial venu à Paris pour rencontrer sa promise, Julie, qui, elle, est bien décidée à faire échec à ce mariage avec un homme nettement plus âgé et qu’elle n’a jamais vu, d’autant qu’elle en aime un autre.

« Évidemment, on peut comprendre le point de vue de Julie, mais l’acharnement que ses complices vont mettre à rendre fou le provincial est d’une violence inouïe. Molière nous montre la machine à broyer qu’est un groupe face à un homme seul, quand ce groupe a décidé que l’autre est étranger », résume Clément Hervieu-Léger, dont la mise en scène marie avec bonheur une partition du XVIIe siècle, et une intrigue transposée dans les années 1950, évoquant les grandes heures de la comédie musicale.

Gilles Privat campe avec un immense talent un monsieur de Pourceaugnac souvent hilarant, naïf, mais dont l’allure un peu gauche ne tarde pas à dévoiler une attachante délicatesse. Le pauvre homme ne comprend rien « aux gens de ce pays si insensés », ces « possédés » qui l’accusent, en chantant mais à tort, de « polygamie » et « d’hypocondrie ». « Il pleut en cette ville des femmes et des lavements » que lui ont fait subir des médecins complices de Julie, s’exclame, hirsute, le gentilhomme complètement déboussolé.

En face, ses adversaires parisiens aux accents latin ou germanique – mais qui ont visiblement oublié d’où ils venaient – s’en prennent au gentilhomme avec la détermination d’un toréador, pour le « renvoyer à Limoges ».

Lully complice

La pièce est d’une évidente actualité. « On peut penser » aux sort des migrants, à la propagation des idées d’extrême droite, ou « aux gens que l’on voit faire la manche à la sortie des grands magasins pendant qu’une partie de la population fait ses courses de Noël », observe Clément Hervieu-Léger. « Ne songeons qu’à nous réjouir », chantent Julie et ses complices, une fois débarrassés de leur provincial.

Le supplice subi par le Limougeaud demeure, non sans mélancolie, une partie de plaisir pour le spectateur, grâce au rire mais aussi aux rythmes entraînants de l’orchestre installé sur scène. Flûtes à bec, clavecin, violons, percussions et théorbe invitent à l’ivresse du chant et de la danse. Les couleurs des instruments comme celle des costumes égayent l’atmosphère. Mais Lully se fait lui aussi complice de Julie en contribuant au tourbillon dans lequel monsieur de Pourceaugnac est emporté.

« On ne peut pas jouer la pièce sans la chanter et on ne peut pas chanter la musique sans jouer la pièce. Donc, c’est une comédie-ballet idéale », souligne William Christie, qui dirige son ensemble depuis son clavecin et joue les figurants quand la musique se tait. L’alchimie concoctée par le metteur en scène de 38 ans et le pionnier franco-américain de la musique baroque en France, 71 ans, fonctionne à merveille. Le spectacle est né de leur volonté de retravailler ensemble après « La Didone » de Cavalli, également créée à Caen, en 2011.

Abondamment applaudi pour sa première jeudi soir, « Monsieur de Pourceaugnac » est le dernier spectacle créé au théâtre de Caen dans le cadre de la résidence des Arts florissants en Normandie, entamée il y a 25 ans. Produit par les Bouffes du Nord, il est joué jusqu’au 22 décembre à Caen avant une tournée en France, en Espagne, en Suisse et au Luxembourg.

AFP

Monsieur de Pourceaugnac, au Grand Théâtre de Luxembourg, les 25, 26 et 27 mai 2016. Infos et tickets.