À qui profite le congé parental ?

Le député vert Roberto Traversini a souhaité obtenir les chiffres et critères sociologiques des bénéficiaires du congé parental au Luxembourg. Corinne Cahen, ministre de la Famille et de l’Intégration, et l’Inspection générale de la sécurité sociale, ont donné les chiffres des bénéficiaires du congé parental, montrant notamment que les personnes les plus riches sont celles qui usent le moins du droit légal au congé parental.

Le député Roberto Traversini (déi gréng) a interpellé via une question parlementaire la ministre de la Famille et de l’Intégration, Corinne Cahen, sur l’évolution du congé parental au Luxembourg. Un sujet que la ministre connaît bien, puisqu’elle a été au cœur de la réforme du congé parental cette année.

Le député, de son côté, s’est inquiété des chiffres diffusés par la ministre en mars dernier montrant un décalage entre femmes et hommes au sujet de la prise du premier et du second congé parental, ainsi que sur le manque de statistiques au cours des cinq dernières années concernant les critères sociologiques, comme le statut professionnel du demandeur ou encore sa situation sociale. La ministre de la Famille a donc répondu en s’appuyant sur des chiffres couvrant les années 2010 à 2014, avec l’aide de l’IGSS (l’Inspection générale de la sécurité sociale).

Les fonctionnaires prennent leurs congés

En quatre ans, l’IGSS affirme que 31 485 personnes ont bénéficié du congé parental, dont 24 530 femmes et seulement 6 955 hommes, avant de préciser que sur ce total, 23 959 congés parentaux sont pris consécutivement au congé de maternité, soit le premier congé parental, alors que 7 256 congés parentaux sont des deuxièmes congés.

Lire aussi : Nouveau congé parental : mode d’emploi

 

Concernant les critères sociologiques, la ministre a également fourni des chiffres sur la répartition des bénéficiaires du congé parental selon le niveau de revenu individuel brut et selon la branche d’activité. Les hommes et les femmes qui prennent leurs congés parentaux disposent d’un revenu brut annuel se situant dans la tranche 20 000 à 30 000 euros (25,4 % pour les hommes et 24 % pour les femmes). Dans ce document, on peut voir que plus les personnes disposent d’un revenu brut élevé, moins ils demandent à bénéficier du congé parental.

Ainsi, au-delà des 60 000 euros bruts perçus par an, le taux d’hommes et femmes prenant leur congé passe en dessous de la barre des 10 %. Du côté du secteur d’activité, ce sont les hommes issus de l’«administration publique», qui, avec 14 %, représentent la plus grande part des bénéficiaires du congé parental. Chez les femmes, c’est le secteur de la finance et de l’assurance qui présente le plus grand pourcentage de bénéficiaires avec 18,1 %. Autre chiffre montrant une évidence : les familles monoparentales sont celles qui prennent le moins de congés parentaux, avec 4,7 % contre 60,7 % de familles biparentales mariées et 34,6 % de familles biparentales non-mariées.

44% des nouveaux parents ont pris un congé parental en 2014

Au vu des chiffres, on constate donc des inégalités en fonction des critères sociaux, même si ces critères ne peuvent pas être l’unique raison des écarts entre les bénéficiaires de congé parental. C’est d’ailleurs la raison de la réforme de ce congé par le gouvernement, qui souhaite pouvoir donner davantage de flexibilité aux futurs parents en proposant un fractionnement du congé et une meilleure couverture financière.

Pour conclure, l’IGSS montre que depuis 2001, la progression du taux de prise de congé parental par rapport au nombre total de naissances est en augmentation. Au début du siècle, 30,1 % des résidents concernés par une naissance ont pris leur premier congé parental contre 44,1 % en 2014, soit une progression de 14 % en un peu plus de dix ans.

Jeremy Zabatta

[total-poll id=57256]