Une icône française a disparu le week-end dernier. Les hommages se multiplient depuis pour honorer la mémoire de Brigitte Bardot, décédée dimanche à Saint-Tropez, dans le sud de la France, à l’âge de 91 ans. Avec parfois de l’excès et de l’outrance. «Plus grand sex-symbol du cinéma français», «diva rebelle», «militante controversée», «pasionaria de la cause animale» : la presse française et internationale a annoncé la nouvelle de façon parfois différente, certains titres évoquant la magie de l’artiste et de la personnalité, d’autres ne cachant rien de sa vie romanesque et de ses prises de position controversées.
Comme on ne peut plus l’éviter en France maintenant, le temps du deuil et de l’émotion a vite cédé la place à la polémique. Des élus d’extrême droite aimeraient bien un hommage national à la grande dame du cinéma et de la cause animale. Cela a suscité quelques grimaces quand on se remémore la radicalité avec laquelle elle a abordé certains sujets qui ont terni sa réputation. Elle a «proféré des insultes homophobes et a été condamnée à plusieurs reprises pour incitation à la haine raciale», ont ainsi rappelé les médias dans leur nécrologie équilibrée dévoilant toutes les facettes de ce personnage complexe. Apparemment, ces dérapages n’étaient pas si graves pour certains qui souhaitent s’accaparer l’image d’une femme libre qui a envoûté le monde dès les années 50. Pour les élus les plus à droite de l’échiquier politique français, Brigitte Bardot est surtout le symbole d’une France d’autrefois qui n’existera plus, malgré leurs dires. Elle est parfois utilisée comme l’image d’Épinal d’une France joyeuse, sans souci. Ce pays-là n’a jamais existé, il suffit de discuter avec ceux qui ont vécu cette période aujourd’hui fantasmée pour s’en rendre compte.
Plus dangereux encore, certains n’ont pas hésité à fustiger ceux qui évoquaient ce visage plus radical de Brigitte Bardot en ces instants de recueillement. Ceux qui touchent à la mémoire de «B.B.» insultent la France, selon eux. Rien que ça. Décidément, Brigitte Bardot n’a pas fini de faire tourner les têtes.