À la veille de la fin d’année, alors que les footballeurs du pays sont à table, il y a plusieurs questions cruciales (et d’autres moins) qui se posent en vue des prochains mois.

Differdange peut-il se faire détrôner?

Le FCD03 est en retard sur ses temps de passage. À mi-championnat, en 2024/2025, il comptait sept points d’avance sur son plus proche poursuivant et c’était quatre, en 2023/2024. Il en comptait dix sur le premier non-européen la saison passée, sept celle qui l’avait précédée. Entre les lignes : on pouvait voir venir son titre de champion, au moins un peu, les deux derniers hivers.

Là, le doute est un peu plus permis parce qu’il n’en a que deux d’avance sur Bissen et Strassen, trois sur le F91. Le premier cité manque peut-être de l’expérience nécessaire pour aller décrocher un truc fou. Et le F91, même si Gerry Schintgen vient de nous dire avoir contsaté sur la fin d’année que son équipe était outillée pour le titre, pourrait constater un manque de profondeur de banc sur la durée. Strassen, par contre, coche lui toutes les cases.

La question est toutefois de savoir si l’on va retrouver, après de vraies vacances, le vrai FCD03. Celui dont le rendement s’était dissipé derrière l’accumulation des matches et la fatigue qui lui est inhérente puisque le club avait joué de six à onze matches de plus que tous ses adversaires directs, sur l’année écoulée. Il y aura le retour de Mendy aux affaires, l’éclosion potentiel d’un Mfoumou enfin adapté à son nouvel environnement… Differdange reste favori à sa propre succession. Reste à le confirmer.

Samir Hadji peut-il (enfin) arriver à 200? 

Il faut savoir s’incliner devant les mystères du football : cette question-là, nous nous la posions déjà il y a dix mois. Et nous la posions sous forme d’un pari… qui ne s’est pas réalisé. Samir Hadji, meilleur buteur en activité au Luxembourg, en est à 187 réalisations en BGL Ligue depuis son arrivée au pays. Et s’il vient de traveser une année 2025 médiocre à son échelle (15 buts en DN), il a réalisé de vraies différences en Coupe d’Europe (4 réalisations) qui prouvent qu’il a encore très largement le niveau pour faire chavirer la BGL Ligue.

D’ici à devenir le quatrième joueur seulement de l’histoire à passer la barre des 200 buts inscrits dans l’élite luxembourgeoise? Le chemin n’est plus très long pour inscrire son nom au palmarès, lui qui vient justement de devenir le meilleur buteur «luxembourgeois» en Europe.

Le F91 peut-il redevenir «bankable»?

Dudelange est toujours là, aux places d’européanisable potentiel, et plus de cinq ans après le départ de Flavio Becca, cela relève du tour de force. Mais le comité s’essouffle et s’il a déjà dû faire appel dans le passé à la générosité de ses mécènes, son président, Gerry Schintgen, a annoncé être pas si éloigné que ça de trouver un deal avec un potentiel acheteur portugais. Il débarqeurait avec 200 000 euros la première année et clairement, le projet serait de se servir du club dudelangeois pour faire de l’argent à l’achat et la revente de joueurs.

Cela nécessite que le club reste extêmement peformant et pour l’actuel président, si l’affaire se fait, c’est pour refaire du F91 un club capable de se battre pour le titre. Mais encore plus fort que cette année. Si ce n’est pas l’option A, alors l’option B dot mener vers une réduction encore plus drastique qu’avant de la voilure et le club le plus titré du pays dans ce siècle rentrera définitivement dans le rang.

Gerson peut-il faire son retour en sélection?

L’ensemble du pays se pose la question de savoir si Gerson Rodrigues sera encore persona non grata en 2026. Prié de ne pas venir après le rocambolesque épisode de juin, sous la pression populaire et la décision du conseil d’administration, mais prévenu que cette décision n’était pas définitive (rappelez-vous, «jusqu’à nouvel ordre», précisait le communiqué), le meilleur buteur de l’histoire du Luxembourg pourrait-il redevenir une option pour Jeff Strasser, qui a systématiquement écarté le sujet pour se concentrer sur les présents.

Seulement c’est un fait que lors de la dernière campagne, celle des éliminatoires du Mondial-2026, les Rout Léiwen n’ont pas été aidés par leur secteur offensif. Et l’explosion en vol des espoirs de voir Brian Madjo, 16 ans, représenter le Luxembourg sur deux décennies et du haut de son statut de futur baby star, a fait mal. Notamment parce que Dany Mota ne vient toujours pas et que les Lions ont encore pris la mesure de ce qu’un buteur, à ce niveau, cela ne s’improvise pas.

Gerson pèse 23 buts internationaux et il n’a jamais eu besoin d’être performant en club pour le rester sous le maillot du Grand-Duché. Cela tombe pas trop mal : il n’a finalement inscrit que trois petits buts en treize apparitions avec son club de D1 thaïlandaise de Kanchanaburi. C’est modeste. Jeff Strasser trouverait-il à utiliser un garçon qu’il a eu sous ses ordres au Fola, naguère? En a-t-il seulement envie? La question est d’une urgence absolue : en mars, le Luxembourg va défier Malte en barrages de Nations League. Avec un risque de (re)basculer chez les nains du continent.

Paul Philipp peut-il se représenter?

Il y a quatre ans, il avait dit que c’était la der. Et aujourd’hui… plus personne ne doute que l’homme fort de la FLF depuis plus de vingt ans ne se représente au suffrage des clubs, à l’automne prochain. Désormais âgé de 75 ans et visiblement toujours pas touché par l’usure du pouvoir, il semble avoir déjà laissé derrière lui l’épisode dérangeant de l’été dernier, dont on pensait qu’il pourrait emporter beaucoup de monde. Lui y compris.

Mais alors que le buteur star, Gerson Rodrigues, a été emporté, alors que le sélectionneur à succès, Luc Holtz, a quitté son poste de manière anticipée, Philipp, lui, est toujours là. Et toujours sans réel concurrent déclaré. La petite musique de la fin d’année 2025 raconte même, via les dirigeants qui le critiquaient presque ouvertement au sortir de l’été, que se dédier avec autant de zèle au développement de la FLF n’est à laportée de personne d’autre à l’heure actuelle, dans les hautes sphères du football luxembourgeois. Il semblerait même que d’aucuns souhaitent lui voir faire un nouveau bail de quatre ans. En tout cas, il n’y a pour l’heure pas de deuxième Claude Kremer pour aller défier l’animal politique le plus efficace du XXIe siècle dans le monde sportif.