Dépenser des milliards dans l’armement relancerait l’économie? C’est en tout cas un argument entendu à Bruxelles comme à l’OTAN et que la Friddens- a Solidaritéitsplattform attaque tout de go.
Dans un communiqué daté de ce lundi 29 décembre, Friddens- a Solidaritéitsplattform (FSPL) dit s’étonner de voir «propagée comme une litanie», l’idée que réarmer un pays serait bénéfique à son économie. La plateforme, créée en 2018 pour promouvoir la paix et la solidarité, maintient sa ligne : «Le réarmement n’est pas un moyen approprié pour faire face à une crise économique».
Le Luxembourg est directement visé par cette critique. La FSPL affirme qu’en 2026, les dépenses militaires dépasseront pour la première fois le milliard pour atteindre «environ 1 300 millions». Et elle estime que ces chiffres seront de 4,6 milliards d’euros en 2035 si les exigences de l’OTAN sont appliquées (3,5% pour l’armée et 1,5% pour les infrastructures militaires). La plateforme s’interroge : «d’où proviendra cette somme colossale du Trésor public»? Une question qui «reste sans réponse», regrette-t-elle.
La BCE à la rescousse
Pour appuyer ses propos, la FSPL s’appuie sur la Banque centrale européenne (BCE). Elle évoque une réponse écrite de Christine Lagarde à l’eurodéputé Fabio De Masi, où la présidente de la BCE mettrait en garde contre une relance économique très limitée et un risque inflationniste. La plateforme reprend des chiffres attribués à la BCE : un effet de croissance «maigre de 0,3% du produit intérieur brut en 2027», et «au mieux de 0,4 à 0,6%» si la hausse des dépenses se poursuivait.
Selon Christine Lagarde, il existe une «incertitude considérable» quant à «l’impact réel de l’augmentation des dépenses de défense et d’infrastructure sur la production et l’inflation». En clair, selon la Banque centrale européenne : croissance économique faible, risque d’inflation élevé.
Des économistes cités comme Patrick Kaczmarczyk ou Heiner Flassbeck estiment que l’armement a des retombées plus faibles que l’éducation ou les infrastructures, car il ne produirait que «de l’acier mort» et relèverait d’un «effet ponctuel».
Le communiqué insiste aussi sur le coût environnemental : «Le bilan climatique des munitions et des armes (…) est désastreux.»
Enfin, la plateforme avance qu’il n’existe pas de véritable achat commun à l’échelle européenne susceptible de mettre les producteurs sous pression, chaque pays agissant «comme un marché individuel».
Et de relayer un diagnostic attribué à des économistes de l’université de Mannheim : l’argent irait surtout «dans les dividendes et les cours boursiers» plutôt que dans une reprise large – en clair, une manne pour le complexe militaro-industriel, une addition pour les contribuables.
La Friddens- a Solidaritéitsplattform appelle à un débat «qui mettra en place une nouvelle architecture de sécurité en Europe et mettra ainsi fin à la course effrénée à l’armement».