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Favoritisme et détournements : grand ménage à LogiEst


photo archives RL

Dans la tourmente depuis un mois après la révélation de faits de favoritisme et de détournements, le bailleur social LogiEst tente de réformer ses procédures et ses fonctionnements dans l’urgence.

Remettre de l’ordre dans la maison LogiEst. Vite. Sans même attendre que l’enquête de la brigade financière de la police judiciaire, ouverte il y a quinze jours par le parquet de Metz, ne livre ses conclusions.

Embourbé dans une importante affaire de favoritisme, corruption et détournements présumés, le bailleur social messin (15 300 logements, 270 collaborateurs, 5 agences en Lorraine et en Alsace) fait le grand ménage en interne. « L’ambiance est très lourde, tout le monde se regarde, on guette l’arrivée de la police », raconte un salarié, très marqué par l’atmosphère actuelle au siège de la rue Sente-à-My à Metz.

Réorganisation ou affolement ?

Les représentants du personnel, très remontés début novembre, s’apprêtaient à utiliser leur droit d’alerte au comité d’entreprise lorsque les négociations salariales annuelles ont subitement brouillé les cartes. Les associations de locataires, elles, se mobilisent en ordre dispersé.

À l’étage de la direction, en revanche, on fait feu de tout bois : un remplaçant au directeur technique tout juste licencié est arrivé en provenance des Hauts-de-Seine. Depuis lundi, deux auditeurs internes se penchent sur certains marchés dont le respect des procédures interroge.

Autre évolution : la cellule achats, hier placée sous l’autorité de la direction technique, a rejoint le giron de la direction juridique. « On cherche à empêcher des détournements de procédure qu’on a remarqués précédemment », confirme Yann Chevalier, directeur général de LogiEst, qui a fait de la « déontologie » son obsession du moment.

Au point de soumettre à ses salariés des avenants à leur contrat de travail pour « prévenir » de possibles tentations dans leurs relations douteuses avec les entrepreneurs privés proches du bailleur…

Avocat du directeur technique adjoint, également licencié, Me Renaud Bettcher assimile cette agitation tous azimuts à de « l’affolement ». Lui et son client viennent de remettre un dossier complet à charge contre LogiEst entre les mains de la police judiciaire.

Dans un récent courrier au préfet de Moselle, auquel il demande la mise sous tutelle du bailleur social, il cogne : « L’intégralité du dossier que je vous adresse [démontre] manifestement que la société LogiEst est une société de droit privé gérant des fonds publics, lesquels sont détournés par les hauts cadres de ladite société […] Mon client a été pris comme bouc émissaire dans un premier temps pour faire diversion. »

Les locataires de l’Indecosa-CGT partagent les mêmes inquiétudes et ils les ont exprimées lors du conseil d’administration qui s’est réuni jeudi à Metz.

Une société parallèle dissoute dans l’urgence

L’association s’appuie notamment sur un rapport de contrôle de la Miilos, organisme interministériel de surveillance de l’habitat social, datant de 2012. En substance, le rapport critique les procédures de marchés de LogiEst, un contrôle interne « insuffisamment développé » et une trésorerie trop importante (45M€).

Le rapport reproche également au bailleur messin l’existence, en parallèle à SA LogiEst, de « CLE développement », un groupement d’intérêt économique (GIE), dont l’ex-directeur technique de LogiEst, aujourd’hui licencié, était le directeur général. Contre toute attente, ce GIE, 7 salariés, créé en 2002 et qui accompagnait les chantiers de constructions neuves à hauteur de 45M€ chaque année, est en train d’être… dissous dans l’urgence.

« Rien de bizarre là-dedans », répond Yann Chevalier, « ce GIE avait juste de moins en moins d’objet, donc nous le réintégrons. » Me Renaud Bettcher s’inquiète, lui, « des flux financiers », entre LogiEst et ce GIE moribond.

Alain Morvan (Le Républicain lorrain)