Accueil | A la Une | Toujours plus de Luxembourgeois frontaliers

Toujours plus de Luxembourgeois frontaliers


Des études mettent en avant les facteurs économiques, socio-culturels et de qualité de vie incitant certains ménages à quitter le Luxembourg. (Photo : archives lq/julien garroy)

Les Luxembourgeois représentent environ 6 % du total des 225 400 frontaliers vers le Luxembourg. Sur les 15 000 Luxembourgeois frontaliers, 10 000 ont choisi la Rhénanie-Palatinat.

Qui sont les Luxembourgeois qui décident d’aller vivre en dehors des frontières du pays? C’est la question à laquelle a tenté de répondre la cellule scientifique de la Chambre des députés avec les données qu’elle a pu collecter dans la Grande Région. Les Luxembourgeois installés dans la Grande Région sont des frontaliers atypiques. La première constatation, c’est que leur nombre devient croissant avec les années.

Ce sont des personnes qui ont déménagé en dehors de leur pays, tout en continuant à y travailler, et ce sont surtout des jeunes, des célibataires ou des cols blancs. Ces Luxembourgeois étaient au nombre de 14 690 en 2024, représentant environ 6 % du nombre total de travailleurs frontaliers vers le Luxembourg.

Des études mettent en avant les facteurs économiques, socioculturels et de qualité de vie incitant certains ménages à quitter le Luxembourg pour habiter de l’autre côté de la frontière. Le coût du logement au Grand-Duché est le motif déterminant le plus souvent mentionné. La frontière, n’étant plus vue comme une barrière, mais comme une ressource, génère de nombreuses mobilités résidentielles transfrontalières. Celles-ci induisent plusieurs conséquences de nature sociale et économique de part et d’autre de la frontière, aussi bien individuelles que collectives.

Il serait aujourd’hui souhaitable d’avoir une observation continue de ce phénomène ainsi qu’une harmonisation, synthèse et actualisation des données des différentes entités territoriales membres de la Grande Région. Cela permettrait notamment de faciliter la compréhension de la migration résidentielle entre régions de différents pays ainsi que la prise de décision relative aux conséquences de celle-ci.

Concernant le nombre de Luxembourgeois résidant dans la Grande Région, le Portail statistique propose l’unique synthèse de données statistiques des entités territoriales qui la composent. Les derniers chiffres présentés sont ceux de 2021 pour la Rhénanie-Palatinat, qui comptait 10 670 Luxembourgeois. En 2020, la Sarre comptait 4 470 résidents de nationalité luxembourgeoise et la Wallonie en comptait 3 025. Les chiffres de la Lorraine, qui, à ce moment-là, comptait 3 266 personnes luxembourgeoises, remontent à 2018. Il faut noter que seules les personnes de nationalité luxembourgeoise ne possédant pas également la nationalité de leur pays de résidence sont comptabilisées.

Les personnes de nationalité luxembourgeoise privilégient l’Allemagne en tant que destination. Sans surprise, les motivations au déménagement sont les différentiels de prix immobilier, les différentiels du coût de la vie, l’accession à la propriété, et les motifs familiaux (changements de structure familiale : mariage, séparation, enfants).

Ces motifs de déménagement sont confirmés par deux recherches plus récentes. Premièrement, des partants vers la France uniquement ont été interviewés entre 2022 et 2024. Les participants évoquent des aspects économiques comme facteurs déterminants de leur déménagement : le besoin de plus d’espace, les prix de location ou d’achat trop élevés au Luxembourg, la diminution du revenu à la suite de la prise de retraite ou encore les divorces. En somme, une incapacité à maintenir de bonnes conditions de vie au Luxembourg conduit les individus à s’installer à l’étranger.

Ils sont 12 % à revenir au pays

Deuxièmement, l’étude d’actes notariés portant sur les ventes d’appartements à Dudelange entre 2000 et 2019 apporte un éclairage sur le profil sociodémographique et la trajectoire résidentielle des actifs vendant leur logement dans l’intention de quitter le Luxembourg. Les nationalités les plus représentées sont les Luxembourgeois et les Portugais. Les motivations principales sont, à nouveau, la recherche de logements plus spacieux et abordables.

La satisfaction après le déménagement est variable. Ainsi, 12 % de la population concernée, principalement de nationalité luxembourgeoise ou portugaise, a décidé de revenir au Grand-Duché après une expérience de déménagement transfrontalier.

Au niveau des enjeux sociaux et culturels, les mobilités causent des défis d’intégration des individus dans leur territoire d’accueil. En effet, les interviews menées ont révélé que les partants doivent s’adapter à des territoires souvent perçus comme moins dotés en infrastructures et aménités par rapport à leur ancien lieu de résidence au Luxembourg.

De plus, des ressentiments et sentiments d’injustice peuvent apparaître de la part tant des locaux que de ceux restés au Luxembourg. Les partants mentionnent le caractère subi de leur déménagement et des difficultés à quitter un pays où ils sont nés ou ont vécu, ce qui ne facilite pas toujours leur adaptation dans leur nouveau lieu de vie. Les communes d’accueil en Allemagne ont été transformées et certaines (Wincheringen par exemple) étaient composées de presque 50 % d’étrangers en 2020, dont la moitié sont de nationalité luxembourgeoise.

Les départs d’actifs de nationalité luxembourgeoise représentent la deuxième augmentation la plus forte (après les actifs de nationalité portugaise) avec une hausse de 127 % depuis 2012.

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD.