Longtemps cantonnée aux week-ends d’hiver et aux séjours à la montagne, la raclette s’invite désormais à Noël: conviviale, simple et économique, elle séduit de plus en plus de familles en quête d’un repas chaleureux sans se ruiner.
« C’est plus pratique que de passer deux jours en cuisine », assure de son côté Antoine Lajoie, quadragénaire de Montreuil (Seine-Saint-Denis), qui a tenté l’expérience il y a deux ans.
Rapport qualité-prix imbattable
Du côté de la grande distribution, la tendance est nette. « Je prédis une fois de plus un Noël à la raclette », a affirmé mercredi sur France 2 Dominique Schelcher, PDG de Coopérative U.
« On nous commande déjà davantage de plateaux de raclette pour les fêtes que les autres années », a assuré le patron du quatrième distributeur alimentaire français.
Une tendance qui a émergé « depuis deux ou trois ans », selon lui, en pleine crise inflationniste. En plus de son côté simple et convivial, la raclette séduit aussi et surtout pour son rapport qualité-prix, souligne le dirigeant.
En 2022, le coût moyen d’un panier de Noël traditionnel — comprenant dinde fermière, saumon fumé, foie gras, Saint-Jacques, champagne ou encore accompagnements surgelés — s’élevait à 138 euros pour un foyer français, selon une étude du cabinet NielsenIQ.
À l’inverse, un repas raclette pour quatre personnes, avec charcuterie, fromage, pommes de terre et une bouteille de vin blanc, revenait à moins de 35 euros.
« Les Français n’ont pas beaucoup le moral. Un sur deux a des difficultés à boucler les fins de mois (…) En revanche, ils tiennent à passer un beau moment en famille à Noël », assure Dominique Schelcher.
« On est dans un contexte anxiogène, économique et géopolitique. Les gens n’ont pas envie de se prendre la tête: ils veulent aller à l’essentiel, se faire plaisir et se rassembler », abonde Candice Alvarez, consultante lifestyle de l’agence de conseil en stratégie NellyRodi.
Surtout à la Saint-Sylvestre
Malgré son essor, la raclette à Noël ne fait toutefois pas l’unanimité.
« C’est devenu un vrai must de la fin d’année, clairement. Et c’est vrai qu’on observe une décontraction des repas, de la réception à la maison. Mais de là à remplacer le repas de Noël par une raclette… », estime Anne-Claire Paré, dirigeante du cabinet spécialisé en tendances pour la restauration Bento.
Fan de fromage fondu, Mickaël, 38 ans, (qui n’a pas souhaité donner son nom) adorerait déguster à Noël, mais sa famille refuse.
Du côté des fromageries, la tendance n’est pour l’instant pas évidente. La Fermette, dans le centre de Paris, assure vendre davantage de fromage à raclette ces dernières années.
Mais à Septeuil, petit village des Yvelines, le fromager Stéphane Uriot ne voit pas encore de changement notable pour le réveillon du 24 décembre, la raclette restant surtout associée à la Saint-Sylvestre. « Les gens cuisinent plus au réveillon de Noël qu’au réveillon du jour de l’An », explique-t-il.
À Tours, Camille Peretti, des Fromages de Camille, fait le même constat: le fromage fondu s’invite plus facilement le 31 décembre, alors que le 24, c’est encore le plateau traditionnel qui s’impose.