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Le soutien à l’agriculture biologique repart pour cinq ans


Pour Martine Hansen, le nouveau plan doit s'inscrire dans la continuité du précédent, tout en mettant plus en avant le secteur de la transformation. (Photos : georges noesen)

La ministre de l’Agriculture a présenté le nouveau plan d’action national pour l’agriculture biologique. L’objectif est d’arriver à 15 % de surface agricole utile cultivée selon les règles de la production bio.

Le lieu choisi pour la conférence de presse est des plus singuliers. Dans l’étable de la ferme Bio-Haff Baltes, au beau milieu des chèvres et des vaches, un pupitre a été installé devant un mur de paille. Ce lundi 22 décembre, la ministre de l’Agriculture, Martine Hansen, également chargée des Sports depuis la démission de Georges Mischo, a troqué les salles de réunion du ministère pour l’air frais de la campagne dans la commune de Stegem.

La raison n’est évidemment pas innocente. Venue présenter le nouveau Plan d’action national PAN-Bio 2030, la ministre tenait à mettre en avant cette exploitation familiale qui s’est spécialisée dans le bio. Avec ses 150 chèvres, qui produisent environ 650 litres de lait par an, elle est notamment le premier producteur luxembourgeois de fromage de chèvre biologique.

Un objectif trop ambitieux

Un modèle pour l’agriculture biologique que Martine Hansen aimerait voir se multiplier dans le pays. La visite a d’ailleurs été l’occasion de tirer un bilan du dernier PAN, qui vient de s’achever. Mis en place en 2020 afin de redonner du dynamisme au secteur, il se déclinait en 30 mesures concernant aussi bien les producteurs que les consommateurs. Une «success story» pour la ministre, même si le plan n’a pas permis d’atteindre l’objectif de passer de 4 % à 20 % de surface agricole utile cultivée selon les règles de la production biologique.

«Nous sommes à 10 %, reconnaît Martine Hansen. Mais cet objectif était trop ambitieux, même les professionnels ont dit qu’il était irréaliste.» En cinq ans, le plan a tout de même permis de mettre en place les bases nécessaires pour développer le secteur, qui a vu son nombre de producteurs et de transformateurs largement augmenter (lire encadré).

Près d’une centaine de nouveaux exploitants bios

Si certains objectifs du Plan d’action national 2025 n’ont pas été remplis, le bio prend tout de même une place de plus en plus importante au Grand-Duché. En témoigne le nombre d’exploitants agricoles biologiques, passé de 158 en 2020 à 253 cette année. Les agriculteurs, qui représentent la plus grande part, étaient 83 en 2020 et 132 en cette fin d’année, tandis que les arboriculteurs sont passés de 11 à 26. La surface agricole totale dédiée à la production bio a quant à elle presque doublé en cinq ans, passant de 6 429 hectares en 2020 à 12 263 aujourd’hui.

Du côté des transformateurs et des commerçants spécialisés dans le bio, l’un des accents sur lesquels mise le nouveau plan, on note une hausse de 26 % ces cinq dernières années avec 172 professionnels en 2022 contre 217 en 2025. Parmi eux, les transformateurs (boulangers, bouchers, laiteries…) sont passés de 98 à 114 tandis que les commerçants sont désormais 93. Ils n’étaient que 62 au Luxembourg, cinq ans auparavant.

Soutenir les producteurs

Le nouveau PAN-Bio s’inscrit donc dans la continuité de son prédécesseur, mais il revoit à la baisse certains objectifs. D’ici 5 ans, le Luxembourg souhaite atteindre les 15 % de surface agricole utile dédiée au bio.

Pour y arriver, le plan s’articule autour de quatre grands axes stratégiques qui doivent permettre de soutenir les producteurs. Une meilleure coordination et la mise en place d’un système transparent ainsi que d’indicateurs vont d’abord permettre de renforcer l’implication des acteurs, qui seront consultés plus régulièrement. Le comité d’exécution du plan (ComEx) verra ses responsabilités clarifiées pour mieux répondre aux attentes des professionnels.

La communication fera l’objet d’un axe à part entière pour accroître la visibilité de l’agriculture bio et son acceptation dans la société. Les fermes de démonstration seront mieux mises en avant lors d’événements pour en inciter d’autres à sauter le pas. «Le dialogue ne se fait pas qu’avec les producteurs bios, rappelle Martine Hansen. Mais aussi avec d’autres agriculteurs.»

La ferme familiale Bio-Haff Baltes est notamment le premier producteur luxembourgeois de fromage de chèvre biologique.

Un accent sur la recherche

Pour mieux les accompagner, le PAN prévoit en outre le développement de structures de conseil et de formation. Leur mission sera d’identifier les obstacles dans les programmes d’aides existants et de tenter de les lever, mais aussi d’alléger les coût de certification. «Nous allons également lancer des programmes de recherche sur l’agriculture biologique».

Enfin, les filières de transformation et de commerce n’ont pas été oubliées. Pour apporter le produit aux consommateurs, il ne faut en effet pas seulement des exploitants, mais aussi des professionnels (boulangers, bouchers, commerçants…) chargés de transformer les récoltes en produits de consommation pour ensuite pouvoir les vendre. Ce dernier axe mettra l’accent sur une bonne mise en réseau des différents acteurs et sur le soutien aux produits de haute qualité. C’est donc toute la chaîne de production qui est concernée par ce nouveau plan d’action afin de rendre le Luxembourg toujours plus bio.

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