Le président du F91 n’est peut-être plus très loin de trouver un gros investisseur. Mais se dit aussi qu’il faudrait peut-être changer les statuts de la FLF pour en finir avec l’obligation qu’ont les clubs d’être des ASBL (associations sans but lucratif).
Serez-vous toujours président du F91 en fin d’année 2026?
Gerry Schintgen : (Il sourit) À ce stade, ce sera toujours avec moi… On est toujours en discussion avec cet investisseur qui n’est pas brésilien, comme vous l’avez écrit, mais portugais. En tout cas sur la carte d’identité que j’ai vue. Mais on travaille sur cette solution en interne, de manière à avoir moins de maux de tête les prochaines années. On va essayer de faire au mieux, mais l’alternative à cet investisseur, c’est de changer de modèle. Ce serait d’aller voir les joueurs et le staff et de leur dire « voilà, on s’est battus cinq ans et demi sur l’après-Becca pour rester performants et on a toujours réussi mais là, on fatigue ».
Même si là, en fin d’année, on a bien vu qu’on pouvait aussi redevenir champions, qu’on a ce qu’il faut. En tout cas, cela voudrait dire réduire encore le budget et savoir qu’on ne se bat peut-être plus que pour la 8e ou la 10e place. C’est quelque chose que nous devons déterminer dans les six mois à venir, si jamais on ne finalise pas.
Un investisseur, en tout cas cet investisseur-là, ça changerait quoi au niveau du budget?
Le but, ce serait de redevenir une équipe qui se bat pour le titre chaque année. Ce serait des investissements pour redevenir potentiel numéro 1. Mais en gérant en bon père de famille et cela veut dire que tous les gens du comité resteraient. D’ailleurs, c’est ce que l’investisseur veut. Vous savez, j’ai vu des clubs de Serie C, en Italie, qui recevaient des investissements de 8 millions d’euros alors qu’avec ça, ils ne joueront jamais l’Europe. Tandis qu’ici… Cette saison, Differdange était tout près des poules et nous, dans le passé, on a déjà prouvé que c’était possible. Mais pour le refaire, il faut un tout autre budget. À l’époque où l’on a éliminé Cluj en barrages (NDLR : en 2018), notre budget était de 5 à 6 millions d’euros. Aujourd’hui, on est à 1,5…
Si cela avait été possible, moi, changer les statuts du F91 d’ASBL en SA, je l’aurais fait depuis longtemps
Est-ce difficile, de mener des conversations dans un club quand il s’agit de s’ouvrir à quelqu’un qui arrive de l’extérieur? Il doit fatalement y avoir de farouches partisans autant que des personnes extrêmement frileuses, voire hostiles, non?
Bon, déjà, si cela se fait avec cet investisseur, ce sera absolument sans risque pour le club. On ne signerait que des documents qui s’abstiendraient de mettre l’institution en danger. Et ce ne serait pas non plus juste pour recevoir un simple prêt. Sinon, à quoi bon? Autant aller voir une banque! Vous savez, ces cinq dernières années, des personnes intéressées à l’idée de nous rejoindre, j’en ai rencontré une vingtaine. Toutes étaient très intéressées et à toutes, je répétais la même chose : si vous investissez chez nous, je peux presque vous garantir l’Europe chaque saison. Et cela s’arrêtait tout de suite après parce que dans la foulée, elles demandaient à acheter des parts et moi je leur répondais que ce serait difficile vu qu’on est une ASBL. Et cela s’arrêtait là.
Mais pour répondre à votre question, bien sûr qu’au sein du comité, nous en discutons beaucoup. Nous sommes treize. Avec des retraités, des travailleurs, en tout cas que des bénévoles, qui veulent surtout protéger le club. En tout cas, si l’investisseur arrive, les décisions importantes continueront d’être prises conjointement.
Si les statuts de la FLF étaient différents, vous auriez déjà troqué votre statut d’ASBL pour celui de SA (société anonyme)?
Oui parce qu’effectivement, ce sont les statuts de la FLF. Mais il faudrait vraiment, encore une fois, séparer les clubs de DN et PH des autres clubs à ce niveau. On a d’autres intérêts. Si cela avait été possible, moi, changer les statuts du F91 d’ASBL en SA, je l’aurais fait depuis longtemps, pour tous ces gens intéressés.
L’investisseur, ça l’intéresse d’investir dans le football luxembourgeois parce que c’est plus facile d’être visible ici que dans beaucoup d’endroits
Qu’est-ce qui fait la différence avec cet investisseur, du coup? Qu’est-ce qu’il veut faire avec votre club? Parce que pour s’y retrouver financièrement… À moins qu’il ne le fasse pour la beauté du geste?
Bah… Flavio Becca, par exemple, toutes ces années, il venait pour se faire plaisir. Le F91, c’était son jouet. C’était plus un mécène qu’un investisseur. En 20 ans, je ne me rappelle pas qu’il y ait gagné quelque chose, qu’il ait eu un projet immobilier sur Dudelange ou quoi que ce soit d’autre, par exemple.
Pour lui, cela tenait au prestige de jouer l’Europe, à être responsable du succès d’un club. Parce que sans lui, on n’aurait jamais joué le Milan AC, le FC Séville… Donc cet investisseur-là, le Portugais, aimerait faire des transferts. L’idée c’est d’acheter des joueurs pour « X » et de les revendre pour « X plus… » et lui aurait une part sur le « plus ». Et ça l’intéresse d’investir dans le football luxembourgeois parce que c’est plus facile d’être visible ici que dans beaucoup d’endroits.
Vous disiez que le but du comité était surtout de protéger le club. Est-ce d’autant plus un souci après ce qui a pu se passer avec l’investisseur grec du côté de la Jeunesse?
Je sais très bien ce qui s’est passé à la Jeunesse Esch. Mais j’ai la garantie que ce ne sera pas comme ça chez nous. Vous savez, je travaille dans une banque alors toutes les inquiétudes que les gens peuvent avoir sur l’argent… Chaque euro sera contrôlé avant d’arriver sur notre compte.
Dans combien de temps est-ce qu’on saura si le F91 a un nouvel investisseur?
Dans quinze jours-trois semaines.
Au fait, la perte d’une place européenne, c’est une mauvaise nouvelle pour le F91…
Ah ça, c’est une très mauvaise nouvelle pour tout le Luxembourg, pas juste pour le F91. Avoir trois ou quate places européennes, c’est une énorme différence. Et pour tout le monde parce que personne n’a la garantie de finir à l’une des places européennes.