Accueil | Editoriaux | Le piège numérique

Le piège numérique

La semaine passée au Luxembourg, une escroquerie particulièrement bien rodée a permis à des fraudeurs de soutirer des dizaines de milliers d’euros à leurs victimes en se faisant passer pour des employés de LuxTrust. Rien de spectaculaire à première vue : ni braquage ni violence physique. Et pourtant, l’impact est profond. Car derrière cette affaire se cache bien plus qu’un simple fait divers.

Ces arnaques prospèrent sur un paradoxe de notre époque : jamais la technologie n’a été aussi présente dans nos vies, et jamais nous n’avons été aussi mal armés pour en comprendre les mécanismes. Sécurité en ligne, identité numérique, authentification… Ces notions sont devenues incontournables, mais restent souvent abstraites pour une partie de la population. Alors que les escrocs, eux, les maîtrisent parfaitement, ou du moins assez pour exploiter nos angles morts.

Le problème ici n’est pas seulement celui de victimes imprudentes ou stupides. Il est celui d’une société qui a fait le choix du tout-numérique sans toujours accompagner ce virage d’une véritable éducation aux usages technologiques. L’avènement, ces dernières années, de l’intelligence artificielle (et des contenus générés par IA plus vrais que nature) est là pour en témoigner : nous ne maîtrisons plus rien.

La confiance accordée aux institutions, aux marques, aux messages «officiels» est à présent détournée, instrumentalisée. Comme ici avec LuxTrust. Et lorsque cette confiance est brisée, c’est l’ensemble du lien social qui s’effrite : méfiance accrue, peur de se tromper, repli, voire rejet de ces outils pourtant devenus indispensables.

Ces escroqueries ne sont pas uniquement du ressort de la police. La réponse à ce type d’arnaques ne peut pas être seulement pénale. Elle doit être collective et surtout… éducative. Former, informer, répéter : le digital n’est pas neutre, ni sans risques. Il faut systématiquement dresser des garde-fous lorsque le doute s’impose.

À mesure que les technologies gagnent en complexité, la question n’est plus seulement de savoir comment attraper les fraudeurs, mais aussi comment protéger une société entière. À l’aube de 2026, la cybersécurité n’est plus seulement une affaire technique : elle est devenue une affaire de société.

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD.