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Le maire de Metz François Grosdidier renvoyé en correctionnelle


François Grosdidier a déjà été condamné en 2015 et 2023 pour deux délits d’atteinte à la probité. (Photo karim siari)

La chambre de l’instruction de Paris a prononcé, cette semaine, le renvoi devant le tribunal correctionnel de François Grosdidier pour détournement de fonds publics.

Dix années de procédure. De revirements. Des changements d’aiguillage. Après plusieurs non-lieux, la chambre de l’instruction a décidé de renvoyer devant le tribunal correctionnel de Paris, François Grosdidier pour détournement de fonds publics. Quand ? Mystère. Le maire de Metz, qui mène campagne pour sa réélection en mars prochain , a décidé de contester cet arrêt, devant la Cour de cassation.

Les faits reprochés se seraient joués entre 2010 et 2016. À l’époque, François Grosdidier est maire de Woippy.

La loi autorise les villes qui comptent une importante population résidant en quartiers prioritaires à être « surclassées ». Ainsi, Woippy et ses 14 000 habitants passaient artificiellement dans la strate des villes de 20 000. Conséquence : il était possible d’embaucher plus d’agents et de les rémunérer davantage.

En 2017, la chambre régionale des comptes (CRC) tique : « Le niveau de rémunération des cadres et des membres du cabinet du maire dépasse les dispositions contractuelles ». La procédure de surclassement impliquait la prise d’un arrêté préfectoral… qui n’a jamais existé. Seule une délibération votée en 2003 actait la situation. Une simple « erreur formelle » partiellement imputable aux services de l’État, selon François Grosdidier, alors que toutes les délibérations leur étaient transmises dans le cadre du contrôle de légalité. « La CRC ne considérait aucune faute pénale et n’a pas saisi le parquet. […] Ce surclassement était particulièrement justifié à Woippy compte tenu de ce que je demandais à ces salariés pour relever tous les défis. »

Quels montants ?

De combien parle-t-on ? Selon le rapport de 2017, « le montant cumulé de la rémunération irrégulièrement versée au directeur général des services s’élève à près de 400 000 € ». S’ajoutent près de 10 000 € par an, pendant 5 ans, d’heures supplémentaires et d’indemnités d’astreinte indues pour la secrétaire de mairie et près de 170 000 € de rémunération indue pour le directeur de cabinet. La Chambre régionale des comptes ajoutait l’emploi de deux chargés de mission (l’un au cabinet, l’autre à la direction générale de service) « en méconnaissance du plafond d’emploi » pour un total de plus de 134 000 € en 2015. Pas d’enrichissement personnel donc pour l’élu mais parmi ces collaborateurs figurent désormais des visages incontournables de la droite dans le Pays messin.

Plusieurs procédures en cours

Dans son arrêt, la chambre de l’instruction confirme le non-lieu à l’égard de François Grosdidier pour favoritisme. Mais « l’essentiel est sauvegardé », s’est félicité Me Karsenti, l’avocat d’Anticor (association qui lutte contre la corruption en politique) auprès de l’AFP, soulignant que, d’après la chambre de l’instruction, l’élu « ne pouvait pas ignorer » que les faits qui lui étaient reprochés constituaient des détournements.

Le président de la Métropole de Metz, lui, dénonce un acharnement sur fond de différends personnels avec un (ancien) dirigent d’Anticor. « Cela fait plus de vingt ans que je subis ce harcèlement judiciaire qui connaît des rebondissements avant chaque élection pour finir en eau de boudin. »

Une eau de boudin qui noircit néanmoins son casier judiciaire. En 2015, François Grosdidier a été condamné pour détournements de fonds publics (tout en le relaxant des principaux faits). Il était reproché au sénateur-maire l’utilisation, entre 2002 et 2007, de sa voiture de fonction municipale pour se rendre à Paris. En 2023, l’ancien élu Les Républicains a été condamné à six mois d’emprisonnement avec sursis pour prise illégale d’intérêts pour avoir versé à une association qu’il présidait une subvention issue des fonds de sa réserve parlementaire.

D’autres affaires ont surgi cette année. Une enquête préliminaire a été ouverte pour contrôler le marché public souscrit dans le cadre de la mise en ligne de futurs bus à hydrogène. Une autre plainte a débouché sur des perquisitions à la mairie de Metz et au siège de la Métropole, pour éclaircir les missions d’un proche collaborateur du président-maire.

Lisa Lagrange
(Le Républicain Lorrain)

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