Accueil | Editoriaux | Rendez-vous en 2028

Rendez-vous en 2028

L’annonce était la goutte qui avait fait déborder le vase et avait dopé la mobilisation en vue de la manifestation du 28 juin. Le 13 mai, lors de sa déclaration sur l’état de la Nation, le Premier ministre, Luc Frieden, annonçait une augmentation de la durée de cotisation afin de rapprocher l’âge de départ réel à la retraite – en moyenne 60 ans – de l’âge légal, fixé à 65 ans. «La carrière (…) sera allongée progressivement de trois mois par an sur plusieurs années», avait-il précisé. Mis sous pression lors des débats consécutifs à ce grand oral, le chef du gouvernement avait reconnu, à demi-mot, que cette prolongation pouvait se traduire par une obligation de travailler jusqu’à cinq années supplémentaires.

Il est apparu que, parmi l’ensemble des pistes mises sur la table lors du vaste processus de consultation, l’allongement de la durée de cotisation avait été très largement écarté. Pourtant, le chef du gouvernement avait fait le choix d’actionner ce levier afin de garantir durablement le financement de l’assurance pension. Une levée de boucliers n’a pas tardé, tant dans le camp syndical qu’au sein de la coalition CSV-DP. Du côté du partenaire de coalition, certains ont affirmé avoir été pris de court. «Je crois que j’aurais pu rester plus vague et laisser le soin au ministre de tutelle d’entrer dans les détails. Mais, au fond, je suis fier que (…) nous ayons réussi à faire une réforme des pensions», se défend Luc Frieden dans une interview qui sera publiée ce lundi dans nos colonnes.

En fin de compte, la réforme se limite à quatre mesures moins incisives, censées offrir un répit de quatre ans pour préparer une refonte en profondeur. Jeudi, lors du débat à la Chambre, les partis d’opposition n’ont pas manqué de fustiger un gouvernement accusé de manquer de courage. Dans le même temps, ils peuvent se dire soulagés que la pression syndicale ait permis d’éviter une casse sociale plus marquée. La ministre Martine Deprez, tout comme les orateurs du CSV et du DP, ont pris l’engagement formel de poursuivre les travaux en vue d’une réforme plus ambitieuse. Tous s’accordent sur la nécessité d’agir. Ils devront se positionner au plus tard après les législatives d’octobre 2028, le prochain point de basculement approchant à grands pas.

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD.